30 ans du Web : « Il n’y a plus grand-chose à inventer »

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Alors que le « World Wide Web » fête ses 30 ans mardi, retour sur la genèse de cette invention qui a changé le monde avec l’un de ses pionniers, Jean-François Groff.

Difficile d’imaginer le monde sans, mais avant 1989, le Web n’existait pas. Alors que le réseau mondial fête ses 30 ans, mardi 12 mars, retour sur une invention utilisée au quotidien par des milliards de personnes aux quatre coins de la planète… mais dont l’histoire est finalement assez méconnue.

Tim Berners-Lee, un ingénieur britannique du Cern,l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire basée en Suisse, est considéré comme l’inventeur du Web. En 1989, il a 34 ans et veut faire en sorte que les scientifiques des universités et instituts du monde entier puissent s’échanger à distance et instantanément leurs recherches.

« Le but du Web est de permettre aux non spécialistes d’accéder à des informations qui n’étaient pas accessibles », explique à France 24 Jean-François Groff, qui a travaillé aux côtés de Tim Berners-Lee au Cern à cette époque. « Dans une réunion, les gens s’échangent des documents papier qui sont ensuite perdus. L’idée de Tim était de rendre ces documents accessibles sans passer par le papier », poursuit-il.

Il y a trente ans exactement, le 12 mars 1989, Tim Berners-Lee remet donc à son chef de service une note intitulée « Gestion de l’information : une proposition ». Le document comprend notammentun schéma avec des formes diverses reliées entre elles par des flèches. « Vague mais excitant », commentera son supérieur hiérarchique au Cern sur la première page de ce qui est aujourd’hui considéré comme l’acte de naissance du Web. Si le projet d’un réseau mondial de partage d’informations existe désormais sur le papier, le nom « World Wide Web », soit littéralement la « toile d’araignée à l’échelle mondiale », ne sera mis au point que l’année suivante, juste avant la mise en ligne du tout premier site Web, fin 1990 : le site Info.cern.ch (que le Cern a remis en ligne en 2013).

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Le Web fonctionne avec un système de liens hypertexte : la possibilité à partir d’une page, de cliquer sur des mots-clés qui conduisent directement à la page leur étant consacrée, elle-même contenant des liens vers d’autres pages et ainsi de suite. Il repose, par ailleurs, sur le langage HTML (qui permet de créer des pages Web), le protocole d’échange hypertexte HTTP (qui permet à l’utilisateur de demander puis de recevoir une page Web) et l’URL (l’adresse d’une page Web). Sont ainsi reliés le principe de l’hypertexte et un réseau d’ordinateurs interconnectés, l’Internet.

« Aujourd’hui, le web a atteint sa maturité »

Pour Jean-François Groff, le fait que le Web ait vu le jour au Cern à cette époque était dans l’ordre des choses : « L’innovation était dans l’air et au Cern, avec 40 nationalités, le besoin de partage d’informations était grand », estime-t-il. Et d’ajouter : « Tim et le Cern savaient que c’était un nouveau besoin mais le monde ne le savait pas encore ».

Trente ans plus tard, aux yeux du grand public le Web et l’Internet ne font qu’un. Mais le Web est seulement une application d’Internet au même titre que le mail ou le pair à pair, utilisé pour le partage de fichier. Le World Wide Web est toutefois la principale application d’Internet. Internet est d’ailleurs bien antérieur au Web, puisque l’on considère que son ancêtre est le réseau Arpanet inventé, à des fins militaires, par une organisation du département américain de la Défense.

Jean-François Groff a une manière imagée de faire la différence : « Internet, c’est la plomberie et ce qui permet la communication entre les réseaux. Le Web, c’est l’eau, c’est à dire les données ». « Avec le Web, on est passée du puits dans le village à l’eau courante dans la maison », plaisante-t-il.

Jean-François Groff, qui n’hésite pas à parler de « beauté du Web », se souvient de son émerveillement en consultant les tout premiers sites Web en 1993, et notamment celui des archives du Vatican.

Quel bilan tire-t-il du Web après trois décennies ? « Une génération de technologie est passée. Le Web a atteint sa maturité : les grands principes sont là, le Web est fluide comme l’eau ou l’électricité et il n’y a plus grand-chose d’autre à inventer », estime-t-il, tout restant fasciné par la vitesse à laquelle le Web s’est répandu : « On a passé la barre de la moitié de l’humanité connectée à Internet ! », s’enthousiasme-t-il.

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