Campagne de vaccination multi-antigène à Kidal : MSF explique

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La région de Kidal, situé en bordure de Sahara au nord du Mali, abrite des populations nomades, habitant pour la plupart, loin des structures de santé. En 2018, l’organisation Médecins Sans Frontières (MSF) a lancé sa première campagne de vaccination multi-antigènes au Mali, avec pour objectif de vacciner plus de 10,000 enfants. Dr Patrick Irenge, médecin généraliste et coordinateur médical de MSF au Mali  explique dans cette interview, les objectifs de cette campagne.

Pourquoi cette campagne vaccination multi-antigènes à Kidal ?

Cette campagne, unique en son genre, a été organisée pour plusieurs raisons. La première est liée à la cartographie de Kidal. Dans cette région vaste et désertique, aux infrastructures de santé de capacité limitée, la majorité de la population vit au-delà de 5 kilomètres des centres de santé communautaires et par conséquent il leur est difficile d’accéder aux services de vaccination. La deuxième raison vient du fait qu’un grande partie des habitants de la région sont nomades et se déplacent en priorité, avec leur bétail, là où sont l’eau et les pâturages. Cela pose, une fois encore, un problème d’accès aux activités de vaccination. Enfin, l’insécurité persistante dans toutes les régions du Nord a un impact considérable sur la mobilité et l’accès en général aux soins de santé de base. La vaccination est ainsi une mesure préventive et efficace permettant de protéger les plus vulnérables.

 Contre quelles maladies les enfants seront-ils protégés?

La campagne de vaccination à Kidal est une campagne multi-antigènes qui comprend tous les vaccins administrés d’habitude par le Programme Elargi de Vaccination (PEV) du Ministère de la Santé malien : diphtérie, rougeole, coqueluche, pneumonie et d’autres maladies dangereuses pour les jeunes enfants. En principe, ce type de vaccination au Mali est destiné aux enfants âgés de 0 à 11 mois.

Cependant, dans le cadre de notre projet d’appui à 6 centres de santé communautaires à Kidal depuis 2015, nous avons constaté que beaucoup d’enfants n’avaient pas été immunisés au cours des dernières années. Nous avons alors proposé au Ministère, avec qui nous collaborons dans tous nos autres projets au Mali, d’élargir la cible pour cette campagne de vaccination à tous les enfants jusqu’à 5 ans.

Comment se déroule cette campagne de vaccination?

Nous vaccinerons les enfants de 0 à 5 ans dans les quatre districts sanitaires de la région de Kidal. Plus de 8,800 enfants ont déjà reçu une première dose de vaccin. La réalisation d’une telle campagne requiert beaucoup de moyens. Il faut avant tout rendre disponible les vaccins, ensuite apporter un soutien logistique pour faciliter les déplacements des équipes dans une zone vaste où l’accès aux populations isolées est compliqué et pour finir, investir dans des ressources humaines qualifiées. Sans oublier le volet de sensibilisation de la population qui est primordial si l’on veut que cette dernière adhère à l’activité.

Cette campagne se fera en trois passages pour respecter la politique de vaccination au Mali : les vaccins contre la rougeole, la fièvre jaune ou encore la méningite ne seront administrés qu’une seule fois. D’autres antigènes (pentavalent et pneumo 13) seront injectés en 3 doses et dans un intervalle de 4 semaines.

 Quel impact cette campagne aura-t-elle sur la santé des populations vivant dans la région ?

Son impact est considérable car les doses, contenant plusieurs antigènes, permettront de protéger les enfants contre plusieurs maladies évitables par la vaccination telles que, la rougeole, la méningite, les différents types de diarrhée, diverses pathologies respiratoires ou encore la fièvre jaune. De plus, étant donné que les enfants ne tombent pas malades à terme, il y aura également une incidence sur les finances des familles qui n’auront pas à débourser de l’argent pour les soins de santé. Et dans un contexte tel que celui de Kidal, ou l’insécurité entrave le bon déroulement de certaines activités économiques, ce n’est pas négligeable.

Quels sont les plus grands défis auxquels vous avez été confrontés ?

Les difficultés ont été nombreuses. L’accès aux populations dans une zone aussi vaste et aride a demandé beaucoup de moyens logistiques telles que motos et autres véhicules adaptés au terrain. De plus, les vaccins nécessitant une conservation entre 2 et 8 degrés, un important matériel permettant de respecter la chaîne de froid a été déployée entre Bamako et Kidal. Enfin, mobiliser autant de monde, à savoir du personnel médical qualifié ou encore des chauffeurs connaissant parfaitement la région, n’a pas été une mince affaire. Mais grâce à la bonne collaboration avec les autorités locales, le Ministère de la Santé et tous les autres partenaires sur le terrain, nous avons réussi à surmonter les difficultés et sommes déjà dans la réalisation du 2ème passage.

De quoi êtes-vous le plus fier au sujet de cette campagne ?

Ayant été moi-même sur le terrain pour contribuer au lancement des activités, j’ai été marqué par la forte implication et l’incroyable motivation à tous les niveaux. Des leaders communautaires et des communautés elles-mêmes, en passant par les autorités locales et régionales ou encore le staff MSF, tous reconnaissent le caractère vital de cette campagne pour tous les enfants de la région.

Contribution MSF

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