Changement climatique: les trois handicaps majeurs du Mali

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En matière de lutte contre le changement climatique, le Mali ambitionne de réduire ses émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) de 29 % pour l’agriculture, 31 % pour l’énergie et 21 % pour les forêts, indique Dr Modibo Sacko, point focal changement climatique au Mali.

Pour parvenir à ce résultat, poursuit Dr Sacko, l’Etat malien va accélérer la prise en compte des énergies renouvelables dans les mix énergétiques, améliorer les performances et les processus de production agricole, réduire les pertes forestières et s’atteler au reboisement intensif. Cependant trois handicaps biaisent la lutte contre le changement climatique dans notre pays. Il s’agit du mystère autour de la quantité des hydrocarbures importés, de la caducité des textes favorables à l’environnement et les mécanismes institutionnels peu efficaces.

«Le Mali est un puits de carbone et le restera au-delà de 2030», affirme Dr Birama Diarra, point focal au Mali du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC). Mais Dr Diarra, le sait, les données sur les émissions du GES au Mali sont peu fiables. Car l’Office National des Produits Pétroliers (ONAP), sur les trois dernières années, n’a pas été à mesure de fournir la quantité des hydrocarbures importés dans notre pays. Or, au regard du parc automobile national en croissance exponentielle, ces données sont nécessaires aux experts pour mettre à jour les émissions du pays.

Au Mali, il y a urgence à réviser certains textes. Du moins, si l’on veut remporter la lutte contre le changement climatique. Parmi ces textes, l’Arrêté interministériel n°90– 1565/MIHE/MFC du 19 mai 1990 fixant les nomes du gazole au Mali. L’article 2 de cet arrêté stipule que «la teneur en soufre du gazole au maximum est de 1 pour cent (1%) en masse». soit 10 000 ppm (partie par million) contre 10ppm en Europe. Ainsi les multinationales profitent de la faiblesse de la législation malienne pour importer du carburant 1 000 fois plus polluant que celui vendu en Europe.

L’article 7 de l’Arrêté interministériel n°90– 1565/MIHE/MFC du 19 mai 1990 fixant les nomes du gazole au Mali pose le problème institutionnel de lutte contre le changement climatique au Mali. Cet article indique que seuls sont habilités à constater la violation des normes d’importation du carburant au Mali, la  Direction Nationale de la Géologie et des Mines, la Direction Nationale des Affaires Economiques et la Direction Nationale des Douanes à travers l’ONAP. Aujourd’hui, cette mission de contrôle qui doit légitimement revenir à la Direction nationale de l’Assainissement du Contrôle des pollutions et Nuisances (DNACPN) est toujours dévolue au seul ONAP, un organisme du ministère de l’Economie et des Finances dont la première fonction est d’approvisionner le pays en carburant.

Mamadou Mariko, Journaliste scientifique  

 

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