Détérioration de la qualité des eaux du fleuve Niger

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Une étude révèle une menace dangereuse pour la survie de ses ressources

 La qualité des eaux du fleuve Niger se détériore d’année en année. Cette détérioration  est due  à des nouvelles activités et pratiques  qui présentent une menace dangereuse pour la survie des ressources du fleuve. C’est du moins les conclusions d’une étude menée par l’Agence du bassin du fleuve Niger (ABFN) sur la pollution des eaux du fleuve Niger dans le bassin du Niger supérieur  au Mali dont les résultats viennent d’être publiés. L’objectif général de l’étude était d’élaborer une carte dynamique de la pollution du fleuve Niger sur une longueur allant de la frontière guinéenne à Koulikoro. 

Cette étude part du constat que la question sur la pollution des eaux du fleuve Niger se pose avec acuité. Cela d’autant plus qu’il n’existe pas d’études de suivi systématique de la qualité de ces eaux. Toutefois, les quelques rares études sur la question ont montré que les coliformes fécaux qui constituent les indicateurs de contamination fécale, les Salmonelles et Shigella qui sont les pathogènes responsables de la fièvre typhoïde et de la dysenterie sont présents au niveau de tous les collecteurs à Bamako. Ainsi, les salmonelles ont été détectées dans tous les sols, les eaux et sur toutes les plantes provenant de tous les sites de maraichage étudiés au bord des deux rives du fleuve. De même les travaux menés par les chercheurs de l’Institut d’économie rurale (IER) ont permis d’établir la relation entre la pollution et le degré d’infestation des végétaux flottants.

Ainsi, cette étude sur la pollution des eaux du  fleuve Niger dans le bassin supérieur du Niger au Mali met en exergue les nouvelles activités et pratiques qui menacent dangereusement la survie des ressources du fleuve. Les impacts négatifs selon  l’étude tournent  autour de la dégradation des berges, la diminution de la capacité naturelle d’épuration du fleuve. De même que la disparition graduelle d’espèces animales et végétales d’une zone à une autre et la baisse du régime hydrologique du fleuve.

Les résultats indiquent que plus de 3 649 hectares sont  occupés par les plantes envahissantes sur les 200 km étudiés. Si de  Kela à Kéniéba,  la pollution est peu accentuée,  de Kéniéba à Kalabancoro elle est montée d’un cran, signale les résultats. Cette augmentation s’expliquera par l’impact des sources de pollution en amont et par la pression des villes riveraines.  Et, de Kalabanoro à Koulikoro, la pollution est à son niveau maximal. Une suite de logique à l’existence de plusieurs centres de productions industrielles, aux rejets domestiques de Bamako et aux rejets d’éléments chimiques provenant du périmètre irrigué de Baguineda. Par ailleurs, l’étude montre que la multiplication de maladies liées à la population de l’eau, dans les villages le long du fleuve et de ses affluents et principalement dans les campements de pêcheurs, est très préoccupante.

Elle établit aussi que les populations riveraines du fleuve Niger sont pleinement conscientes de la dégradation et de la pollution des eaux et des ressources du fleuve. « Mais, la plupart des usagers du fleuve ne sont pas encore convaincus de l’impact négatif de leurs activités sur leur propre environnement et encore moins sur les écosystèmes des bassins versants du Niger »  note l’étude.  Rappelons que l’étude a duré une dizaine de mois et a été initiée par l’Agence du bassin du fleuve Niger sur financement du budget national du Mali à hauteur de 150 millions de F CFA.

Ramata Tembely, Journaliste scientifique

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