Dr Ly Madani, cancérologue: « Le nombre de personnes atteintes de cancer est en hausse au Mali »

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Le cancer  se fait moins parler de lui, mais il tue silencieusement. En 2010, au Mali, les données du registre des cancers montrent que les femmes sont les plus touchées avec 696 cas, soit 51%. Pourtant, l’incidence annuelle des cancers augmentent de plus en plus dans le pays.  Quel traitement? A quoi est due cette augmentation? Docteur Ly Madani, cancérologue à l’hôpital mère enfant de Luxembourg répond aux questions de JSTM.

JSTM : Dr Ly, pouvez-vous nous parler du cancer au Mali ?

Dr Ly : Le nombre de personnes atteintes du cancer est présentement en hausse dans notre pays. Même si l’âge est le facteur de risque, le cancer concerne tout le monde. Dans le pays, on rencontre différentes types de cancer. Mais le premier cancer chez les hommes et les femmes c’est le cancer de l’estomac. Le premier cancer chez la femme, c’est le cancer du col de l’utérus suivi de celui du sein. Le second cancer chez l’homme c’est celui de la prostate, la vessie et enfin du colon.

JSTM : Vous venez de dire que le taux de personnes atteintes par le cancer est en hausse,  a quoi est due cette augmentation ?

Dr Ly : Je crois que cela est due au fait que le nombre de spécialités du cancer augmente dans le pays, car avant il n’y avait pas trop de médecins qui pourraient savoir qu’une personne est atteinte par le cancer même si la personne souffre de la maladie. Donc, c’est normal qu’il y ait une hausse.

JSTM : Alors quels traitements sont appropriées pour ces différents types de cancer dont vous parlez ?

Dr Ly : Il existe trois types de traitement au Mali : la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie. C’est uniquement à l’hôpital du Mali où la  radiothérapie est prise en charge. C’est dans mon service, à l’hôpital mère enfant à Luxembourg, qu’on s’occupe de la chimiothérapie, à  Kati et au Point G où il existe des services dermatologiques pour la chimiothérapie. A Kati, il existe également un service où on opère les malades du cancer. A l’hôpital Gabriel Touré, un service oncologie s’occupe spécifiquement des enfants atteints par le cancer en plus de l’opération des malades du cancer.

JSTM : Comment ces traitements marchent?

Dr Ly : Les principes de la chimiothérapie c’est d’attribuer des médicaments aux patients ayant la capacité de tuer les cellules cancéreuses qui se trouvent dans le corps. C’est un traitement systémique général contraire à la chirurgie où on doit enlever une partie. La chimiothérapie joue sur tout l’organisme. Le temps du traitement dépend de quel type de cancer dont la personne souffre. De façon générale, le traitement prend six mois, soit tous les 15 jours ou toutes les semaines jusqu’à six mois. Pour la radiothérapie,  on utilise des rayons comme médicaments pour détruire les cellules cancéreuses. Généralement, la chimiothérapie soigne la majeure partie des cancers. Toutefois, si un traitement ne marche pas, nous faisons appelle à un autre.

JSTM : Parait-il que l’immunothérapie est un nouveau traitement pour lutter contre le cancer ?

Dr Ly : Oui, mais au Mali, ce traitement n’existe pas. Car c’est un nouveau médicament qui coûte extrêmement cher. Le prix peut aller jusqu’à 100 milles dollars. Les gens n’ont pas les moyens pour acheter ce médicament. Avec la rupture de certains médicaments du cancer, certaines personnes ont du mal à acheter certains médicaments de la chimiothérapie. Ces médicaments étaient donnés gratuitement depuis 2008 par le gouvernement. Mais vu l’augmentation du nombre de gens atteintes de la maladie, ils sont souvent obligés de les acheter à la pharmacie. C’est juste pour dire que c’est difficile que ce nouveau traitement de lutte contre le cancer profitent aux maliens.

JSTM : Dans ce cas, que proposez-vous en tant que chimiothérapeute à la population afin de lutter contre le cancer ?

Dr Ly : Je leur dirai, de ne pas fumer ni boire de l’alcool. L’alcool est un facteur qui contribue à la manifestation du cancer quel que soit le type. Je les conseille également de venir faire le dépistage précoce, facteur de réduction du risque de cancer.  Parce qu’une personne qui saigne souvent par le nez ou en dehors de ces menstrues, ce n’est pas normal. Cela peut être un cancer !

Propos recueillis par @Hadjiratou_Maïga

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