Editorial – La recherche et la formation : un lien essentiel

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L’Institut de recherche pour le développement (IRD) est un organisme de recherche : à ce titre ses chercheurs, contrairement aux enseignants-chercheurs des Universités, n’ont pas d’obligation statutaire à enseigner et former. Pour autant on peut considérer que leur implication dans la formation relève d’une obligation que je qualifierai à la fois de morale et pratique.

Morale, car nous montons des projets de recherche avec de jeunes collègues, notamment inscrits en Master et Doctorat, de façon à ce qu’ils puissent tout à la fois travailler sur leur sujet de mémoire et s’aguerrir aux techniques de recherche. Partant de là il y aurait une forme d’inconséquence, de « faute morale », à ne pas faire en sorte que le chercheur qui implique ces « apprentis-chercheurs » ne leur donne pas l’opportunité de parfaire leur formation : c’est la formation à la recherche par la recherche, et très concrètement la nécessité de faire en sorte qu’ils puissent avoir les moyens matériels – dans le cadre de ces projets – de mener à bien leur master ou leur doctorat. L’exigence morale se situe aussi à un niveau plus général. Comment imaginer, en tant que chercheur, que l’on ne partage pas les résultats de sa recherche, non seulement dans des articles, ouvrages ou communications à des conférences mais aussi lors de séminaires de recherche, de cours, contribuant ce faisant à la formation des étudiants ?

La nécessité pour le chercheur de s’impliquer dans la formation est aussi pratique. Les recherches étant de plus en plus collectives – y compris en sciences humaines et sociales – elles ne peuvent se réaliser sans que des compétences et des expériences variées ne s’associent. Aujourd’hui, quel projet de recherche ambitieux, imaginé pour produire et renouveler les connaissances, peut s’imaginer sans mastérant, doctorant ou postdoctorant ? Il y va, de façon très pragmatique, de la pérennité de nombre de recherches. L’enjeu naturellement est alors de faire en sorte que le chercheur et l’étudiant « s’y retrouvent », le second réalisant son mémoire de diplôme dans le cadre d’un projet piloté par le premier.

Au Mali, l’IRD décline ce lien essentiel entre la formation et la recherche de plusieurs façons. En ayant, dans le cadre du Laboratoire mixte international Macoter (www.lmi-macoter.net/), participé avec l’USSJB, l’ULSHB et l’USSGB à la création du Master SocDev (« Société, culture et développement »), et en accompagnant matériellement et pédagogiquement ses étudiants en master en doctorat ; en donnant des cours ; enfin, en finançant, ponctuellement, des doctorats eux-mêmes insérés dans des programmes de recherche conjoints, par exemple avec le MRTC (Malaria Research & Training Center).

De la sorte, l’objectif de transmission des savoirs sera enclenché, entre générations, et non pas uniquement entre « pairs statutaires ». Aussi expérimenté ou avancé dans sa carrière soit-il le chercheur ne doit jamais oublier qu’il a été, aussi, un étudiant, désireux d’apprendre – par des enseignements et par l’exercice concret de la recherche.

Laurent Vidal

Représentant de l’IRD au Mali

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