Extraction du sable à Bamako : Des hommes en vivent, le fleuve Niger en meurt

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Le fleuve Niger avec ses 4200 km est une ressource naturelle inestimable pour le Mali. Pourtant c’est le fleuve des paradoxes. À certains endroits il y a trop de sable à d’autres le problème au contraire ce sont les hommes qui y extraient ce sable. Ces activités humaines compromettent aujourd’hui l’avenir du fleuve. Des travaux de recherches menés depuis 2007 par des hydrologues de l’institut de recherche pour le développement (IRD), viennent de révéler que le lit amont du Niger se creuse du moins sur sa partie malienne. 

En cette matinée, le soleil est déjà très haut dans le ciel de Kalaban Coro (cercle de Kati). Les camions benne font des va-et-vient incessants pour acheminer le sable et le gravier vers les différents chantiers de la capitale malienne. Cette commune rurale est l’un des principaux ports de stockage de sable de l’agglomération bamakoise. Ici l’extraction de sable fait vivre des centaines de personnes, notamment les démarcheurs communément appelé coxer, les transporteurs et les pécheurs de sables. «  Cela fait dix ans que j’exerce le métier de coxer. Un boulot qui me permet de nourrir ma petite famille », soutient Ali Coulibaly.
« Durant toute l’année on extrait le matériel à la main, souvent en apnées et à des profondeurs pouvant atteindre 3 mètres. Puis le sable et le gravier sont transportés dans les pinasses, les bateaux d’une capacité de 2 à 3 m3 à traction humaine ou à moteur, jusqu’aux principaux ports de stockage, Djoliba, kalaban koro Koulikoro », note Cheick Konaté, pécheurs de sable.

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Ainsi l’extraction de sable, c’est la vie de milliers de Bamakois. C’est le gagne-pain de près 15000 personnes selon le syndicat national des transporteurs  routiers urbains et interurbains du Mali. De Kangaba à Koulikoro en passant par Djicoroni Para sans oublier Sébénicoro, toute une activité économique s’est développée autour du fleuve Niger. Ainsi entre 2000 et 2006 près de 20 millions de m3 de matériels auraient été extraient sur 60 sites le long du fleuve. Des chiffres qui inquiètent Luc Ferry de l’institut de recherche pour le développement (IRD).
Il a fait de la sauvegarde du Niger l’une de ses priorités. « Le fleuve Niger est confronté à de graves menaces liées aux changements climatiques mais également à l’impact des activités humaines, qui compromettent aujourd’hui l’avenir du fleuve. Des travaux de recherches menés depuis 2007 par mes collègues hydrologues et leurs partenaires, viennent de révéler que le lit amont du Niger se creuse du moins sur sa partie malienne », se désole-t-il.

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Le constat est triste et même alarmant. En témoigne à divers endroit de la ville du creusement du lit qui entraine à débit égal, un abaissement de la ligne d’eau du fleuve. A cela s’ajoute une diminution de la recharge des nappes phréatiques et un accès plus difficile à l’eau de pompage lors des étiages (la période de l’année où le débit d’un cours d’eau atteint son point le plus bas).
Pour enrayer la dégradation du fleuve qui représente un enjeu vital pour le Mali, le gouvernement a créé en 2002 l’Agence du Bassin du Fleuve Niger (ABFN). Elle a pour mission la sauvegarde du fleuve Niger, de ses affluents et leurs bassins versants et la gestion intégrée de ses ressources. Cette agence sécurise les berges du fleuve à des endroits sensibles par des travaux de maçonnerie. Dans ce cadre, les berges du Niger ont été sécurisées à Ségou, Markala, Mopti et Gao.

Harouna FOMBA, Journaliste scientifique

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