Habitat bioclimatique: Ousmane Diakité expérimente la paille comme isolant thermique

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Face à la hausse constante de la température dans le monde, les chercheurs innovent et trouvent des mesures d’adaptation au changement climatique. L’architecte Ousmane Diakité, PDG de l’entreprise Djigui Nana, mise sur les matériaux locaux pour des habitats bioclimatiques. JSTM a rendu visite au Franco-malien dans sa maison témoin à Sanrambougou en périphérie de Bamako.

«Maison témoin bioclimatique». C’est ainsi qu’Ousmane Diakité a baptisé sa maison. Le fruit de ses années d’expériences chez Airbus. Vu de l’extérieur, la maison a tout l’air d’une maison en bois. A l’intérieur, le placoplâtre ingénieusement appliqué et peint en blanc ôte, à tout visiteur, la sensation d’abri de fortune qu’offre l’extérieur. Malgré le soleil particulièrement ardent, cet après-midi-là, quelques minutes à l’intérieur nous ont permis de constater que même sans aucune climatisation la maison était fraîche. La différence de température entre l’extérieur et l’intérieur de la maison est de 8°C, fait remarquer l’architecte lisant les capteurs thermiques installés à cet effet. C’est énorme, indique-t-il, quand pour la plupart des maisons, la différence est de 2°C.

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Le secret de cet écart de température, affirme l’architecte, c’est la paille. La maison que vous voyez là, indique-t-il, est une maison en dur. Sur la façade extérieure, le bois est utilisé pour amortir la chaleur. A l’intérieur entre la façade intérieure et le Placoplâtre, nous avons installé 14 cm de paille. Car, la paille est un régulateur naturel de température. D’autres matériaux sont utilisés par Ousmane Diakité, notamment le polystyrène obtenu à partir des tissus recyclés.

Vue intérieure de la maison témoin

Des défis à relever…

De la maison bioclimatique d’Ousmane Diakité, la presque totalité des matériaux, à part la paille, sont importés d’Europe. Pourtant, affirme l’architecte ses matériaux partent de l’Afrique, à l’image du bois de la Côte d’Ivoire, pour être transformés en Europe. Ils font ensuite le chemin inverse, cette fois, plus chers. Cette situation, explique Diakité, influe sur le coût de la maison bioclimatique dont l’objectif est de rendre accessible cette innovation au plus grand nombre de Maliens.

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Un autre défi auquel le Franco-malien a dû faire face dans sa quête entrepreneuriale, c’est la difficulté d’accès au financement. Au-delà des discours politiques, s’indigne l’entrepreneur, la réalité est tout autre. Pour réaliser sa maison témoin, Ousmane Diakité a démarché toutes les structures publiques de soutien à l’auto-emploi. Sans succès. Son premier prêt bancaire, 52 millions FCFA, lui a été octroyé par la Banque Internationale pour le Mali (BIM), grâce à Ouastani Hassan, ancien directeur de l’établissement bancaire marocain. Quand j’ai acheté mes matériaux, de la France à la douane de Kati, le voyage a duré deux semaines. Les matériaux ont mis quatre mois, de Kati à Bamako, soit une distance de 15 km.

Des entraves à corriger selon l’architecte Ousmane Diakité. Du moins, si l’on veut traduire en réalité les discours autour de l’emploi des jeunes.

@mamadou_togola

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