Journée mondiale du Lupus : la Société malienne de rhumatologie fait des révélations sur la maladie au Mali

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La Journée mondiale du lupus se tiendra ce lundi 10 mai. En prélude à cette journée, Dr Bouréïma Kodio, Vice-président de la société malienne de rhumatologie a accordé une interview à JSTM pour mettre en lumière cette maladie chronique qui déclenche chez les patients atteints, des réactions inflammatoires envers leur propre système immunitaire.

JSTM : Qu’est-ce que le lupus ?  

Dr Boureïma Kodio, Vice Président de la Société malienne de rhumatologie

Dr Bouréïma Kodio : Lupus signifie « masque de loup » en référence à l’expression habituelle de la maladie par une inflammation de la peau du visage, dont le contour est celui d’un masque de carnaval. Cette éruption cutanée n’est pas systématique, mais reste l’expression emblématique de la maladie. Le lupus est un dérèglement très particulier du système immunitaire. L’activité anormale des cellules de défense de notre corps entraîne une auto-agression sur la peau, les articulations, le rein, le cœur, le cerveau et bien d’autres. Cette auto-agression est dite « auto-immune » car il s’agit d’une réaction de cellules de l’immunité contre les propres constituants de l’organisme hôte du système immunitaire.

Il existe essentiellement 2 formes de lupus : le lupus spontané, qui survient sans facteurs inducteurs, connus ou reconnus et le lupus induit, qui est provoqué par la prise prolongée de certains médicaments.

Le lupus spontané, se subdivise en 2 sous-groupes :

  • Le lupus cutané (pur) au cours duquel l’atteinte est limitée à la peau (sans risque pour un organe vital)
  • Et le lupus systémique qui est une maladie qui peut toucher plusieurs organes ou appareils (la peau, les articulations, les reins, le coeur, les vaisseaux…)

Ces différences s’expliquent probablement par le fait que le lupus n’a pas UNE « cause », mais il est la conséquence de plusieurs « causes » encore mal connues qui diffèrent selon les patients.

Quel est la prévalence de cette pathologie au Mali ?

La prévalence du lupus en population générale n’est pas connue au Mali. A l’instar des autres pays africains, le Mali ne dispose pas d’étude de recherche sur la maladie.

Il faut reconnaitre que çà et là des sujets de thèse ou de mémoire se sont intéressés au sujet. La fréquence hospitalière du lupus était 1.1% en 2007 et 0,89% en 2017 respectivement dans les services de rhumatologie et de médecine au Centre hospitalier universitaire Point G de Bamako.

Comment reconnaître les symptômes de la maladie ?

Le lupus est une maladie très polymorphe qui débute habituellement par un cortège de signes qui s’associent progressivement, en quelques jours ou quelques semaines. Il peut s’agir:

  • – D’une atteinte cutanée initiale le plus souvent, comportant des rougeurs (érythèmes) se localisant symétriquement sur les pommettes, les ailes du nez, autour des yeux et parfois sur le front : en « ailes de papillon » en « vespertilio », c’est-à-dire en aile de chauve-souris). Ces rougeurs peuvent s’étendre au décolleté et toucher le dos des mains et des avant-bras.
  • – D’une photosensibilité (rougeur de peau à type de « coup de soleil » après une exposition modérée au soleil) et d’une alopécie
  • – D’une ulcération buccale, nasale, génitale et sècheresse oculaire, buccale et génitale
  • – D’une atteinte articulaire qui inaugure souvent la maladie. Il s’agit de douleurs articulaires inflammatoires pouvant t gêner le sommeil, et entrainer un enraidissement douloureux, surtout matinal à la mise en route des articulations. L’atteinte articulaire concerne en priorité les mains et les poignets
  • – D’une atteinte des séreuses qui peut aussi être révélatrice .il s’agit d’une inflammation qui touche les feuillets qui entourent le poumon (pleurésie) ou le coeur (péricardite).
  • – D’une atteinte rénale qui peut s’exprimer par des gonflements des pieds et visage, et la présence de protéines ou de globules rouges dans les urines
  • – D’une atteinte neurologique et psychique : convulsions, dépressions, psychose, épilepsie, AVC
  • – D’une atteinte sanguine : baisse du taux d’hémoglobine (anémie), de globules blancs (leucopénie), de plaquettes (thrombopénie) et trouble de la coagulation sanguine
  • – D’autres atteintes plus rares : digestive (pancréatite, hépatite…), cardiovasculaire (atteinte des valves du cœur, inflammation du muscle cardiaque à type de myocardite, thrombose artérielle ou veineuse aussi appelée phlébite) , obstétricales ( avortements a répétions, stérilité, échec de fécondation in vitro)
  • – D’une présence des auto-anticorps antinucléaires, anticorps anti-ADN natif avec des concentrations élevées dans le sang.
  • – D’une grosse fatigue, parfois de la fièvre au long cours.

Comment se faire le diagnostic et la prise en charge ?

Le diagnostic de lupus repose sur un faisceau d’arguments associant des signes cliniques qui peuvent varier d’un patient à l’autre et des tests sanguins et urinaires. Certains signes sont très évocateurs de la maladie (les lésions cutanées) et d’autres le sont moins car ils existent aussi dans d’autres maladies auto-immunes telles que les arthrites, les péricardites, etc. La communauté scientifique internationale a défini des critères de classification permettant d’évoquer le diagnostic du lupus. Il existe 11 critères parmi lesquels au moins 4 sont nécessaires pour parler de lupus défini. Ces critères sont utiles pour caractériser un groupe de malades, mais n’ont guère d’intérêt pour le diagnostic individuel. Celui-ci est parfois différé de plusieurs mois par rapport au premier symptôme. Les moyens thérapeutiques pour prendre en charge le lupus sont de 3 ordres :

Les médicaments : l’hydroxychloroquine, la cortisone et parfois les immunosuppresseurs, pour contrôler le désordre auto-immun de la maladie.

Les règles de vie, pour apprendre à éviter les facteurs pouvant activer le lupus.

L’éducation thérapeutique, pour savoir reconnaître les signes avant-coureurs d’une poussée lupique.

Quel exploit la recherche au Mali a-t-elle réalisé dans le cadre de la prise en charge du lupus ? 

En dépit de quelques sujets de thèse ou de mémoire de fin d’étude, le lupus n’a pas encore fait l’objet d’une recherche scientifique. Il faut rappeler la tentative avortée d’une étude internationale sur les candidats vaccins antipaludiques pouvant induire le lupus.

Le 10 mai prochain se tiendra la journée mondiale du lupus dans un contexte marqué par la COVID-19. Quel est le thème retenu au Mali ?

La pandémie de la COVID 19 ayant bouleversé tous les plans d’actions de la Société malienne de Rhumatologie (SMRh), nous organisons cette année une action de sensibilisation sur dans les médias et sur les réseaux sociaux. Dans le sillage du thème mondiale « Make Lupus Visible on World Lupus Day ». Ensemble, nous pourrons faire du lupus une priorité sanitaire internationale et faire en sorte que les personnes atteintes de lupus dans le monde soient diagnostiquées et traitées efficacement.

Propos recueillis par Mardochée BOLI | JSTM.ORG

5 commentaires
  1. Anonyme dit

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  2. Anonyme dit

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  3. Anonyme dit

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