LBMA: un labo, pour assurer le développement du Mali par la biologie moléculaire

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Créé, en 2000, par le Pr Ousmane Koita, le Laboratoire de Biologie Moléculaire Appliqué (LBMA) est spécialisé dans la recherche autour des domaines liés à la santé. JSTM vous amène à la découverte de ce laboratoire qui forme également les enseignants chercheurs au Mali.

Situé sur la colline Badalabougou au sein de la Faculté des Sciences et Technique du Mali (FST), le LBMA fait de la recherche et lutte contre les pathologies humaines. Ainsi, le labo applique les résultats de recherche en biotechnologie dans le domaine des productions végétales et animales. Il contribue à la modernisation de la formation universitaire à travers la biologie moléculaire.

Depuis sa création, le LBMA forme des étudiants en Master et en Doctorat de la Faculté de la Pharmacie, de la Faculté de Médecine et d’Odontostomatologie. Le LBMA forme aussi des étudiants en Doctorat Unique de Science de l’ISFRA,  l’USTTB et de l’Université Tulane. Aussi, grâce à la collaboration avec l’unité «Interactions Plantes-Microorganismes-Environnement (IPME/IRD)», sous la direction du Dr Valérie Verdier, le LBMA a pu envoyer quatre doctorants en thèse à l’Université de Montpellier. La première bénéficiaire de cette collaboration a soutenu sa thèse sur l’édition génomique des variétés de riz du Mali. Les trois autres devront terminer en 2020. Ils travaillent sur: la physiopathologie des bactéries et des champignons qui attaquent le riz et aussi du Manioc au Mali.

La vision…

Le LBMA vise à être une infrastructure capable de lever les contraintes liées au développement du pays par la biologie moléculaire. Cette vision, selon le Pr Ousmane Koïta, se justifie. «Si le Mali ne disposait pas d’infrastructure de sécurité biologique de niveau 3, l’épidémie de la maladie à virus Ebola serait difficilement maitrisable par le pays », indique le Pr Koïta. Et d’ajouter: «l’infrastructure pour les essais cliniques de médicaments a permis de tester un analogue de la chloroquine au Mali, molécule 10 fois plus efficace et pourrait rentrer dans la panoplie des antipaludiques de réserve» (voir l’article LancetID, septembre 2017, https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28916443).

Parce qu’il a été à hauteur de mission, le LBMA collabore, aujourd’hui, avec plusieurs institutions de recherche. Au niveau national, on peut citer : le PNLP, LCV, IER, AEDD. En Afrique, l’Université Joseph Ki Zerbo de Ouagadougou et l’Organisation Africaine de la Propriété intellectuelle sont des partenaires du LBMA. Ailleurs, outre l’Afrique, le LBMA collabore avec: Tulane University, University of Rhode Island, Providence, University of Wisconsin à Madison, Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et des organismes de développement international (USAID, SCAC, LuxDev). Ces Collaborations se sont structurées autour des projets sur les grandes pathologies humaines qui sont le paludisme, le SIDA/VIH, la Tuberculose, la sécurité alimentaire et la transformation génétique.

06 unités de recherche…

De 2006 à 2018, le LBMA a fait 40 publications. Les résultats ont été valorisés dans des journaux à grand impact facteur comme : Emerging Infectious Diseases, Humain Vaccines, American Journal of Tropical Medicine an Hygiene, Malaria Journal, LancetID, Journal of Infectious Diseases, African Journal of Biotechnology….. Ces publications ont été possibles grâce à l’apport de chacune des unités de recherche du LBMA.

Unité d’Entomologie : Cette unité est dirigée par Dr Moussa Cissé, biologiste de formation, il a obtenu d’abord son Master d’Entomologie à l’Université de Montpellier et ensuite son doctorat de Science à l’ISFRA (Bamako, Mali). Il dirige plusieurs programmes dont 2 financés par l’initiative du Président des Etats Unis pour le paludisme et dirige les travaux d’homologation des pesticides. Il dirige l’insectarium du laboratoire où les moustiques sont élevés. L’insectarium a une capacité d’élevage de plusieurs milliers de population de larves de moustiques. Cette équipe appuie le Programme national de lute contre le Paludisme dans les activités d’évaluation de l’efficacité des moustiquaires imprégnées d’insecticides.  Dr Cissé est appuyé par le doctorant Ibrahima Traoré.

Unité de Zoonose : Dr Lassina Doumbia, Pharmacien biologiste et point focal à l’approche ‘’Une Seule Santé’’ s’occupe du diagnostic des maladies transmises des animaux à l’Homme. Sa mission est d’utiliser sa plate-forme pour fournir en l’espace de trois heures le diagnostic des cas suspects de zoonoses comme le cas de diagnostics du virus de la fièvre jaune par la méthode du PCR en temps réel. Sa plate-forme de sécurité niveau II comprend une chaine Elisa pour les tests sérologiques, des équipements d’amplification de l’ADN par la PCR en temps réel.

Unité de Parasitologie: Pr Lansana Sangaré est un chercheur senior, Maître de Conférences à la FST, il dirige cette unité dont les travaux se focalisent sur la parasitologie surtout le paludisme et les maladies tropicales négligées comme les schistosomiases. Il supervise les aspects parasitologiques des essais cliniques et l’évaluation de l’efficacité thérapeutique des combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (CTA) avec le financement de l’USAID. Il coordonne les activités au niveau des sites d’étude de Sélingué (Yanfolila), Missira (Kolokani) et Dioro (Markala).

Unité de Biologie Végétale: Elle est dirigée par Dr Hinda Doucouré. Elle a soutenu sa thèse à l’Université de Montpellier sur la nouvelle technique liée à la modification du génome par l’édition génomique des variétés de riz pour les rendre résistantes aux bactéries qui provoquent le flétrissement bactérien. L’étude des bioagresseurs du riz dans le cadre de la Jeune Equipe Associée à l’IRD (JEAI CoANA) a permis d’identifier les pantes reservoirs de pathogènes pour la culture du riz. Dr Doucouré, est aidée au niveau cette unité par Ibrahim Keita qui doit soutenir sa thèse sur les organismes unicellulaires producteurs de protéines comme les levures utilisées dans la fermentation de la bière locale au Burkina. Cette unité vient de publier un article sur la capacité du Mali à identifier les GMO (African Journal of Biotechnology, Mai 2019).

Unité Génomique: Dr Youssouf  Diarra, formé au Center of  Diseases Control and Prévention (CDC, Atlanta, Etats Unis d’Amérique), il s’occupe des détections des mutations ponctuelles géniques, pouvant être associées aux résistances, aux médicaments, à la sévérité des maladies. Il supervise la plate-forme de séquençage, la détection des mutations ponctuelles (de light Scanner), la technique de PCR en temps réel pour estimer le nombre de copies d’un gène donné. La salle de séquençage est équipée de 3séquenceurs de type Beckman Coulter

Unité Clinique : Dr Aliou Sissako et Dr Omar Koné constituent l’équipe du versant clinique du LBMA. Ils s’assurent de la coordination des activités cliniques en générant les données sur les symptômes des maladies comme paludisme, le VIH, les grippes aviaires etc. Leur travail s’appuie sur l’unité de Biologie Clinique qui permet d’évaluer les paramètres hématologiques et biochimiques notamment, ceux liés à la fonction du foie et des reins et l’électrophorèse de l’hémoglobine lors des essais cliniques.

Rokaya Séréta | JSTM.ORG

1 commentaire
  1. Charles dit

    Merci pour les informations fournies dans cet article qui est très bien rédigé. Bravo à ces journalistes qui d’intéressent aux informations scientifiques et qui peuvent être de bons relais entre les scientifiques et la société.
    Et surtout Bravo au Prof Koita et à toutes ces équipes qui animent les différentes unités. Sans plateaux techniques de biotechnologies, pas de diagnostic précis, pas de bons schémas thérapeutiques et c’est toute la société qui en souffre.
    Bravo, félicitations et courage pour la suite de vos travaux

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