L’enseignement des mathématiques, un défi à relever au Mali ?

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Dans les établissements scolaires, les élèves redoutent les mathématiques. Le constat est le même dans les universités où, les filières scientifiques attirent très peu d’étudiants. Pourquoi redoute-t-on les mathématiques? Comment relever le défi de l’enseignement des mathématiques au Mali? JSTM a rencontré des acteurs…

Seulement un bachelier sur dix choisit, aujourd’hui, les filières scientifiques. Dans les années 1970, c’était un sur deux, affirme Cheickna Dembélé, conseiller à l’orientation au Centre d’Animation Pédagogique (Cap) de Banankabougou en Commune VI du district de Bamako. Malgré l’instauration d’un système d’orientation par les académies pour inciter les élèves à aller vers la science, ce taux ne n’évolue pas. De 2015 à 2018, explique Cheickna Dembélé, plusieurs élèves ont été orientés dans des filières scientifiques. Mais, à peine arrivés au lycée, la majorité a opté pour les filières littéraires.

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«En 2017, sur 6743 candidats au Diplôme d’Étude Fondamentale (DEF), seuls 1343 ont obtenu la moyenne en mathématique, soit  moins de 20%», révèle le rapport annuel du Cap de Banankabougou. Le document a révélé aussi de sérieuses difficultés dans l’enseignement des mathématiques dans les écoles secondaires et primaires en Commune VI de Bamako. Parmi ces difficultés, on peut citer entre autre: «les effectifs très élevés au niveau des écoles publiques, le faible niveau des élèves en numérotation, la non maitrise des techniques d’animation par certains enseignants, l’absence de motivation chez certains enseignants, l’insuffisance des suivis pédagogiques dû au nombre de conseillers pédagogues,… ».

«Les mathématiques sont comme une chaîne. C’est difficile de poursuivre dans le domaine si l’élève n’a pas une base solide»| Issa Oumar Dicko, professeur de maths

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Pour améliorer l’enseignement des maths, le rapport du Cap de Banankabougou propose des pistes de solutions: instaurer une culture de sciences en démystifiant les mathématiques depuis le premier cycle. Pour cela, il faut faire aimer les maths en les utilisant dans toutes les activités de la vie courante. Le rapport préconise aussi l’utilisation des «trois cahiers»: cahier d’activité et recherche, cahier de synthèse et cahier d’exercices. Le renforcement des devoirs surveillés, l’instauration des devoirs généraux dans les classes de 8e année, une fois par trimestre sont également mentionnés comme des solutions au rejet des maths par les élèves.

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Enseignant de maths au lycée Ibrahima Ly de Bamako, Issa Oumar Dicko, fait une autre analyse de la situation. Selon lui, le faible engouement pour les maths est plutôt un problème qui a ses racines dans le curricula scolaire au Mali. «Les mathématiques sont comme une chaîne. C’est difficile de poursuivre dans le domaine si l’élève n’a pas une base solide. Arrivés au lycée avec des lacunes, ils n’auront plus le courage et la volonté de continuer avec les mathématiques s’ils n’ont pas acquis un niveau acceptable au primaire », a indiqué M. Dicko. Un autre frein à l’enseignement des maths, selon Issa Oumar Dicko, est la transmission enseignant-élève. «La pédagogie de certains enseignants décourage les élèves à aller vers les mathématiques», conclut l’enseignant.

Hamissa Konaté

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