Les grosses difficultés de l’Éducation non Formelle au Mali

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Depuis l’indépendance, l’une des priorités du gouvernement du Mali était l’éradication de l’analphabétisme. Deux méthodes d’enseignement ont donc été adoptées pour  la prise en charge des enfants, des jeunes déscolarisés précocement et des non scolarisés. L’Education formelle consistait à scolariser les enfants à travers la réforme du système éducatif d’enseignement. Quant à l’Education non Formelle, elle devait prendre en charge les besoins éducatifs des adultes et des jeunes non scolarisés. Mais aujourd’hui, force est de constater que ce second volet de notre système éducatif peine à fonctionner.

«Le droit à l’éducation est garanti à chaque citoyen», stipule l’article 4 de la Loi sur l’éducation au Mali. En pratique, ce droit est-il effectif pour tous ? Dans le but de répondre à cette question, Boubacar TABOURE, Chargé de Recherche au Centre National des Ressources de l’Education Non Formelle, a mené une étude intitulée «l’Education non formelle au mali: analyse des forces et faiblesses». L’étude a été publiée dans la  Revue semestrielle de l’Université des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako (ULSHB), n°002, 2018.

Le chercheur a sélectionné 10 académies d’enseignement (AE) au Mali. Il s’agit des deux académies de Bamako Rive droite, Rive gauche, Bougouni, Kati, Koulikoro, Kayes, Koutiala, San, Ségou et Sikasso. De chacune de ces académies relèvent: des Centres d’animation pédagogique (CAP), des Centres d’Alphabétisation Fonctionnelle (CAF), Centres d’Apprentissages féminins (CAFé), Centres d’Éducation pour le Développement (CED) et Centres d’Éducation pour l’Intégration (CEI).

Pour la collecte des informations, le chercheur a élaboré un guide d’entretien et une grille d’observation. Les questionnaires ont été adressés à la population cible. Il s’agit des apprenants, animateurs, éducateurs, formateurs, les responsables des ONG/ Associations et les responsables du service en charge du sous-secteur de l’éducation non formelle (ENF).

Seuls les CAFé génèrent des résultats positifs…

Les résultats sont édifiants. Seulement 8,4% des apprenants fréquentent les Centres d’Education pour le Développement (CED). Pis, 3,1% font le choix des Centres d’Education pour l’Intégration (CEI). Les Centres d’Alphabétisation Fonctionnelle (CAF) accueillent 29,7% des apprenants. Selon le chercheur, l’analyse des données a montré que «les CAFé constituent les seules structures ENF qui génèrent des résultats positifs en matière de fréquentation, de disponibilité de salle de classe et de bureaux administratifs»,… Ainsi, 58% des apprenants choisissent les Centres d’apprentissages féminins (CAFé).

En conclusion de son étude, Boubacar TABOURE fait trois recommandations, à savoir: de favoriser les passerelles du CED vers les classes de l’éducation classique formelle; de rendre fonctionnelles et effectives les passerelles du CED vers les CAFé ou le CEI pour une insertion dans les filières de formation professionnalisante qualifiante; de permettre une sortie libre qui permet à l’apprenant de prendre sa destinée en main  d’autant plus qu’à 15/16 ans il n’est plus sous l’effet de la scolarité obligatoire, ni sur celui de l’interdiction du travail des enfants.

Crédit photo: UNICEF Mali/2018/Keita


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Mariama Diallo | JSTM.ORG

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