Les livres de la collection Djoliba: Un chercheur révèle des discriminations de genre, de culture et de religion

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Une étude publiée, en mars 2019, sur «Les enjeux de la diversité dans les référentiels socioculturels des manuels de lecture de la collection Djoliba au Mali», tire l’attention sur des discriminations dans ces manuels enseignés aux enfants. L’étude menée par Morikè Dembélé, Maître-assistant à l’Université des Lettres et Sciences Humaines de Bamako, porte sur les manuels de la 3e, 4e et 5e année enseignés au Mali, depuis 2000.

Longtemps après les indépendances, les manuels scolaires en Afrique francophone étaient conçus par des pédagogues français. Ainsi, les référents socioculturels et religieux étaient ceux de le France. Pour permettre aux élèves d’apprendre leur culture, leur religion à travers des textes qui s’inspirent des réalités socioculturelles du Mali,  les différentes collections des manuels Djoliba sont apparues. Mais, après 19 ans d’utilisation dans les classes primaires, ces manuels doivent être révisés.

Quatre référents socioculturels ont été analysés dans l’étude, à savoir les référents socio-ethniques, socioreligieux, socio-spatiaux et régionaux et les référents de genre. Par exemple, il ressort de l’étude que 76,09% des prénoms dans ces manuels sont musulmans contre seulement 8,70% de prénoms chrétiens. Le chercheur préconise donc que les nouvelles parutions Djoliba «tissent des ponts interreligieux » tels qu’inclure un nom musulman et chrétien dans une même phrase.

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Au Mali, 13 langues nationales sont officiellement reconnues. Ces langues représentent différentes ethnies du pays. Problème, les manuels de la collection Djoliba font référence à 7 ethnies. Pis, seulement deux ethnies sont mises en avant notamment l’ethnie Bamanan parce que le Bamanankan est la langue la plus parlée et l’ethnie Dogon à cause de la riche culture de celle-ci. Morikè Dembélé, relève aussi une forme de discrimination concernant le genre, dans le manuel. Ainsi, dans les anciens manuels les rôles de domestiques sont confinés aux femmes contrairement aux hommes qui sont dans le secteur formel. Aussi, 66,54% des prénoms dans les manuels Djoliba sont masculins, contre seulement 33,46% de prénoms féminins. Cette inégalité de genre, conseille le chercheur, doit être revue dans les prochaines parutions de Djoliba.

Avec l’augmentation du nombre de régions administratives, le chercheur demande une mise à jour à ce niveau. Surtout que les anciens manuels ne faisaient allusion qu’à quelques régions. Ainsi, dans le manuel de la 3e année, 22,72% des référents territoriaux font allusion à la seule ville de Ségou. Dans le manuel de la 4e année, c’est Bamako qui est mise en avant 16,31% des référents. Kayes est à l’honneur dans le manuel de la 5e année avec 22,16% des référents territoriaux. Ces villes, en plus de Mopti et Sikasso, sont référées de manières plus récurrentes que les autres villes du Mali dans les 3 manuels.

A la fin de son étude, Morkè Dembélé interpelle sur le sens d’un manuel scolaire. Les trois manuels scolaires, indique-t-il, regroupent simultanément deux dimensions: celle d’un outil d’enseignement-apprentissage et celle d’un témoin socioculturel. Ainsi, les valeurs socioculturelles deviennent des «valeurs didactisées».

NB: Interdiction de reprendre, même une partie de l’article sans l’autorisation écrite du JSTM

Koundé Cissé|JSTM.ORG

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