Les pollutions menacent-elles notre qualité de vie ?

Le terme pollution peut s’appliquer à un ensemble très divers de phénomènes : pollutions de l’eau, de l’air, des sols mais aussi pollutions visuelles, sonores… De manière générale, la pollution est un phénomène de modification des facteurs abiotiques d’un écosystème qui altère son fonctionnement naturel. « Tout est poison, rien n’est poison : c’est la dose qui fait le poison. » Cette citation de Paracelse, médecin, astrologue et alchimiste suisse, résume assez bien toute l’idée derrière la toxicologie…

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Le terme pollution peut s’appliquer à un ensemble très divers de phénomènes : pollutions de l’eau, de l’air, des sols mais aussi pollutions visuelles, sonores… De manière générale, la pollution est un phénomène de modification des facteurs abiotiques d’un écosystème qui altère son fonctionnement naturel. « Tout est poison, rien n’est poison : c’est la dose qui fait le poison. » Cette citation de Paracelse, médecin, astrologue et alchimiste suisse, résume assez bien toute l’idée derrière la toxicologie : n’importe quelle substance ou radiation peut virtuellement devenir polluante et nocive si elle est présente en quantité trop importante. On peut prendre l’exemple du rôle du CO2 dans le cycle du carbone.

Les pollutions sont un enjeu majeur pour l’ensemble de la planète, parce que le mode de vie moderne, en particulier des pays riches, pollue massivement son environnement proche et lointain. Que ce soit les particules fines émises par les moteurs à combustion, les perturbateurs endocriniens, dont on ne fait que commencer à prendre la mesure de l’impact sur la santé humaine, les rejets de nitrates d’origines agricoles dans les rivières, ou encore la radioactivité d’origine humaine, notre environnement est beaucoup plus pollué que celui qu’ont connu nos ancêtres, même proches. 

Selon l’OMS, en 2012, un quart des décès dans le monde ont pour origine les pollutions, et les facteurs environnementaux contribuent à la survenue de plus de 100 maladies ou traumatismes. Un élément d’optimisme en ce sens est le fait que l’on finit par découvrir les effets néfastes d’un certain nombre d’agents polluants et par cesser de les utiliser, comme l’amiante. Mais cet exemple illustre également un des aspects les plus complexes de l’évaluation des risques liés aux produits de synthèse : le délai. Le délai requis pour arriver à un consensus sur la dangerosité est souvent très long et ne permet pas d’empêcher la propagation des effets néfastes de ces produits. Si l’on ajoute à cela l’influence de certains lobbys et les enjeux économiques à l’œuvre, ces délais peuvent être considérablement rallongés. Les autres facteurs de complexité liés à la gestion des effets néfastes des produits de synthèse sont d’une part l’évaluation juste de leur niveau de dangerosité, et d’autre part la mise en balance de leurs potentiels effets néfastes avec les potentiels effets bénéfiques qu’ils auraient.

On peut à ce titre citer deux exemples, celui de la question des antennes relais et celui du dichlorodiphényltrichloroéthane, ou DDT. Les antennes relais téléphoniques soulèvent de nombreuses questions quant à leur dangerosité, mais en l’absence de résultats probants, et étant donné le service immense qu’elles rendent dans la société du 21e siècle, elles demeurent omniprésentes dans notre quotidien. (legrandcontinent.eu)

Image par Pete Linforth de Pixabay

Pourquoi est-il important de préserver la biodiversité ?

La préservation de la biodiversité fait partie des discussions internationales depuis au moins 1992 et le sommet de la Terre de Rio. En 2012, un équivalent du GIEC pour la biodiversité a d’ailleurs été mis en place : la Plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES). C’est effectivement ce concept de services écosystémiques, c’est-à-dire des services que les êtres humains retirent des écosystèmes, qui est au cœur de l’importance de la préservation de la biodiversité. En effet, la biodiversité est menacée sur l’ensemble de la planète et certains chercheurs n’hésitent pas aujourd’hui à parler d’une sixième grande extinction. Si l’on ne devait citer qu’un exemple illustrant le besoin de préserver la biodiversité, ce serait probablement la grande famine qui a frappé l’Irlande en 1845, tuant 1 million d’irlandais, produisant 1 million de réfugiés, et faisant chuter la population de l’île d’environ 20 %. La famine est due à l’infection des pommes de terre par un pathogène. L’ampleur des dégâts causés par ce pathogène et la violence de la famine sont dus à deux facteurs principaux : la dépendance alimentaire à un seul type de denrée (en l’occurrence ici la pomme de terre), et la très faible, voire l’absence de biodiversité au sein des variétés de pomme de terre cultivées.

Il existe de très nombreuses raisons de préserver la biodiversité, mais l’une des plus directement évidentes est le besoin de disposer, au sein d’une population d’une espèce donnée, d’individus mieux adaptés que les autres à l’éventualité d’une crise. Dans le cas de la grande famine irlandaise, une véritable biodiversité aurait très sérieusement limité l’impact du pathogène, car non seulement toutes les variétés de pommes de terre n’y sont pas aussi sensibles que celle qui était cultivée à cette époque, mais il existe en plus forcément des variétés plus ou moins naturellement immunisées. Face à un pathogène qui décime ceux qui y sont sensibles, ceux qui y sont immunisés exploitent l’espace laissé libre, se reproduisent, repeuplent ces espaces et vont ainsi prendre le relais et remplacer l’espèce décimée. Cet exemple peut être appliqué à toutes les espèces vivantes et à toutes les crises imaginables, d’autres pathogènes à des changements climatiques brutaux en passant par la destruction d’habitats ou par la pollution par des composés de synthèse.

Une chute de la biodiversité signifie donc une bien plus grande vulnérabilité à tout type de crise. C’est d’autant plus vrai à l’aune de bouleversements majeurs, tant en termes de hausse globale de la température que de destruction et de transformation des habitats naturels. On peut ajouter à cet argument la notion de biomimétisme. Depuis les débuts de la médecine, l’homme s’inspire de la nature et utilise ce qu’elle crée. Les premiers médicaments sont des extraits de plantes, et aujourd’hui encore un nombre très conséquent de médicaments est directement dérivé de la nature. En plus de la médecine, d’autres domaines de la science s’inspirent de la nature pour produire des technologies innovantes. 

Fabrice NOUZIANYOVO, JSTM

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