Les vaccins peuvent-ils arrêter l’épidémie de Mpox en Afrique ?

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L’épidémie de mpox, autrefois confinée à certaines régions d’Afrique centrale et occidentale est devenue une crise sanitaire majeure, forçant l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les Centres africains de contrôle des maladies (Africa CDC) à la classer respectivement comme une urgence de santé publique de portée internationale et continentale. Avec plus de 17 000 cas suspects et 517 décès en 2024, la propagation rapide du virus met en lumière l’urgence d’une riposte efficace, incluant l’utilisation de vaccins.

La situation actuelle en Afrique

L’épidémie de mpox a pris une tournure inquiétante avec l’apparition d’un nouveau variant en 2023. Ce variant appelé Clade 1b s’est rapidement propagé, affectant non seulement des pays africains tels que la République démocratique du Congo (RDC), mais aussi des pays extérieurs à la région africaine comme la Suède. La RDC reste l’épicentre, représentant 96,3 % des cas signalés en 2024.

Le mpox, une maladie zoonotique transmise des animaux aux humains, continue de se propager malgré les efforts de prévention. L’augmentation alarmante des cas, en particulier chez les jeunes de moins de 18 ans, soulève des préoccupations quant à la capacité des systèmes de santé africains à faire face à une épidémie de cette ampleur.

Le rôle important des vaccins

Face à cette crise, la question se pose : les vaccins peuvent-ils arrêter la propagation du mpox en Afrique ? Actuellement, la réponse est mitigée. Deux vaccins recommandés par le Groupe stratégique consultatif d’experts sur la vaccination (SAGE) de l’OMS sont disponibles, mais en quantité insuffisante. L’Afrique ne dispose que de 200 000 doses, alors que les besoins sont estimés à au moins 10 millions pour couvrir les populations à risque.

Ces vaccins sont principalement réservés aux personnes ayant été en contact étroit avec des individus infectés ou appartenant à des groupes à haut risque. L’OMS ne recommande pas de campagnes de vaccination de masse pour le moment, en raison de la rareté des vaccins et de la nécessité de les réserver pour les cas les plus urgents.

Défis et stratégies de riposte

La pénurie de vaccins représente un obstacle majeur à la maîtrise de l’épidémie. L’OMS a mis en place une liste d’utilisation d’urgence (EUL) pour accélérer la disponibilité des vaccins, mais ce processus est complexe et lent. Gavi, l’Alliance du Vaccin, a également intensifié ses efforts pour acheter directement des vaccins, utilisant des mécanismes tels que le Fonds de Première Riposte, inspiré par les leçons de la pandémie de COVID-19. Ce fonds permet de mobiliser rapidement des ressources pour une réponse vaccinale en cas d’urgence de santé publique.

Parallèlement, des discussions sont en cours pour recevoir des dons de vaccins contre la variole qui pourraient être utilisés pour lutter contre le mpox. Cependant, des obstacles juridiques, réglementaires et logistiques compliquent la mise à disposition de ces doses, bien que l’expérience de la pandémie de COVID-19 ait fourni des outils précieux pour surmonter ces défis.

Perspectives d’avenir

En attendant le déploiement plus large des vaccins disponibles, la recherche continue sur de nouveaux vaccins. BioNTech en collaboration avec la Coalition for Epidemic Preparedness Innovations (CEPI) développe deux candidats-vaccins à base d’ARNm qui ont montré des réponses immunitaires prometteuses lors d’essais préliminaires sur des souris.

Cependant, la priorité reste l’accélération de la distribution des vaccins existants. Comme l’a souligné Jean Kaseya, directeur général du CDC Afrique : « Nous perdons la jeunesse en Afrique ».

L’intensification des efforts pour fournir des vaccins aux pays africains est cruciale pour stopper la propagation du mpox et éviter une catastrophe sanitaire de plus grande ampleur.

Bien que les vaccins offrent un espoir pour freiner l’épidémie de mpox en Afrique, leur disponibilité limitée et les défis logistiques posent des obstacles significatifs.

Une réponse coordonnée, incluant des efforts internationaux pour augmenter la production et la distribution des vaccins sera essentielle pour maîtriser cette crise sanitaire.

Mohamed COMPAORE(mc)

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