Mali : De nouvelles variétés de cultures en perspective

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À travers un projet financé par l’Union européenne à hauteur de 2,6 milliards de FCFA, les populations maliennes auront accès à des variétés de semences tolérantes au changement climatique et riche en micronutriments. 

Intitulée « Améliorer la Productivité des cultures et la résilience au climat pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle au Mali », le projet APSAN-Mali touchera plus de 40 milles bénéficiaires, dans les régions de Sikasso, Koulikoro, Kayes et Ségou.

Ce Projet est mis en œuvre par l’Institut International de Recherche sur les Cultures des Zones Tropicales Semi-arides (ICRISAT) en partenariat avec l’Institut d’Économie Rurale (IER) et certaines organisations paysannes. Il entre dans le cadre de l’initiative « Développer une innovation intelligente grâce à la recherche en agriculture (DeSIRA) » de l’Union Européenne.

L’une des composantes très importante de ce projet est d’améliorer la tolérance à la sécheresse et les aspects de nutrition du sorgho, du mil, de l’arachide et du niébé | Dr Nébié Baloua, Cordinateur du Projet APSAN-Mali

En effet, 6% de la population malienne est sous-alimentée dû à « un régime alimentaire peu diversifié et pauvre en micronutriments essentiels », soutient l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Le régime alimentaire dans le pays est très peu diversifié et pauvre en micronutriments essentiels. Les céréales et les légumineuses représentent plus des deux-tiers des disponibilités énergétiques alimentaires.

Interrogé par Scidev.net, Dr Baloua Nébié, Chercheur sénior et sélectionneur sorgho à l’ICRISAT, par ailleurs Coordinateur du projet affirme que « l’une des composantes très importante de ce projet est d’améliorer la tolérance à la sécheresse et les aspects de nutrition du sorgho, du mil, de l’arachide et du niébé ».

Aux dires du Coordinateur, la plupart des producteurs au Mali, utilisent toujours les variétés traditionnelles qui sont bien adaptées aux conditions de culture mais qui ont un faible rendement. Certaines des variétés sont très tardives et n’arrivent pas à boucler leur cycle en cas d’arrêt précoce des pluies. Par conséquent, les sélectionneurs des cultures cibles du projet seront amenés à développer, à travers des composantes, des nouvelles variétés et hybrides dont les caractéristiques sont supérieures ou égalent aux semences améliorées existantes.

Et l’autre composante du projet consiste à améliorer l’accès des populations à des variétés performantes mais encore peu connues.

À en croire le coordinateur du projet, ces variétés ont été créées au Mali en utilisant comme parents, des variétés locales, qui ont des caractères intéressants et complémentaires.

Les variétés de sorgo et de mil créées, ont un fourrage qui reste vert jusqu’à la récolte, le cycle est court à moyen allant de 70 à 110 jours et le rendement grain élevé dépasse 2 tonnes à l’hectare. Le fourrage est beaucoup appété par les animaux et est plus digeste. Certaines variétés sont biofortifiées, donc riches en fer et zinc ce qui améliore la nutrition en réduisant les cas d’anémie, surtout chez les enfants et les femmes enceintes.

Pour l’arachide, les variétés créées ont une haute teneur en huile et un faible niveau d’aflatoxine. Elles sont tolérantes à la sécheresse et ont un haut rendement et un fourrage de qualité. 

Les variétés de niébé, quant à elles ont un fourrage de qualité et riches en protéines.

Selon le ministère malien de l’Agriculture, le taux d’utilisation des semences améliorées des principales cultures a connu une nette augmentation. Le maïs est à la première place avec un taux d’environ 35%, le sorgho occupe la deuxième place à 28%, le mil à 26 % et enfin l’arachide a un taux d’environ 22%.

Dr Seydou KEITA, Conseiller Technique au ministère de l’Agriculture ajoute que « le projet APSAN-Mali va permettre non seulement d’améliorer la résilience des petits exploitants au changement climatique et à la vulnérabilité économique. Mais aussi, à faciliter les échanges de matériels génétiques et de données à l’échelle régionale, et à renforcer durablement les équipes de recherche en sélection de cultures au Mali. »

Surtout qu’un rapport du ministère de l’Agriculture précise que l’emploi de semences de qualité contribue dans une large mesure à l’augmentation des rendements des cultures de 30 à 40%.

C’est une excellente idée de créer de nouvelles variétés, mais que ces variétés ne favorisent pas l’éclosion de nouvelles maladies des plantes et qu’elles n’appauvrissent pas nos sols. |Pr Hamadoun Babana, Microbiologiste

De son coté, Olivier Lefay, Chargé de programmes pour la Commission européenne au Mali, interpelle les acteurs du secteur agricole à fournir aux populations des semences respectant les normes.  « On ne produit pas uniquement pour faire du business mais on produit aussi pour que la santé des gens s’améliore », déclare-t-il.

Pr Hamadoun A. Babana, microbiologiste, Responsable du Laboratoire de Microbiologie et de Biotechnologie Microbienne (LaboREM-Biotech) à la Faculté des Sciences et Techniques de Bamako s’inquiète des effets néfastes que pourraient apporter les nouvelles variétés.

« C’est une excellente idée de créer de nouvelles variétés, mais que ces variétés ne favorisent pas l’éclosion de nouvelles maladies des plantes et qu’elles n’appauvrissent pas nos sols » se justifie-t-il.

Le Coordinateur du projet, quant à lui rassure : Le Coordinateur du projet, quant à lui rassure : « ces variétés ne sont pas des variétés introduites de l’extérieur. Elles sont une copie améliorée des variétés locales et ont les mêmes exigences et tolérances. Elles produisent mieux que les variétés locales que le sol soit riche ou pauvre. ».

D’ailleurs, toutes les variétés améliorées sont évaluées par les producteurs dans leurs champs et leurs avis sur le rendement, la résistance, l’adaptation des grains à la préparation des mets locaux, sont utilisés pour co-identifier celles qui doivent être proposées pour l’homologation afin d’être introduites dans la chaine de production de semence.

Source de l’article original: SciDev.Net

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