Mali: Il manipule les microorganismes, virus et bactéries n’ont pas de secret pour lui

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Lui, c’est Amadou Hamadoun Babana, Professeur en microbiologie et biotechnologie microbienne à la Faculté des Sciences et Techniques de Bamako (FST). La manipulation de microorganismes est devenue, pour ce sexagénaire, un jeu qu’il joue désormais avec tous les étudiants de son laboratoire dont il est fondateur depuis 1996. Portrait…

Son ambition est de voir dans les années prochaines, une usine de biopesticide sortie de terre au Mali. En effet, la recherche autour du biopesticide est terminée. Pr Amadou Hamadoun Babana et son équipe ont testé le produit deux ans de suite et les résultats ont toujours été satisfaisants.  « Nous pensons avoir fait notre part de travail. Il s’agit maintenant de trouver les moyens pour le mettre à la disposition des paysans », explique-t-il à JSTM.

Amadou H. Babana est un chercheur malien, dont les recherches sont basées, depuis 1990, sur la méthodologie pour accéder aux microbiomes et faire en sorte que diverses communautés microbiennes soutiennent la productivité de la résilience.

Né en février 1957 au Mali, Amadou Babana est devenu microbiologiste par accident. Un fait inattendu qui va révolutionner les recherches en microbiologie dans le pays. C’était en 1986 que, Amadou Hamadoun Babana, en ce temps, professeur de mathématique du second cycle va décider de faire le concours d’entrer à l’ENSup en Physique-chimie. Malheureusement, le candidat arrive en retard dans la salle d’examen. Et là, il se rend compte qu’une erreur avait été commise : son nom était écrit sur la liste des candidats au concours de biologie et non de physique-chimie. C’était trop tard. Il ne pouvait plus changer l’option.

Contraint de composer dans la matière, Amadou H. Babana a été le seul candidat à réussir au concours d’entré à l’ENSup en section biologie. Il obtient son diplôme en 1990.

Après trois années d’enseignement (1990-1993), dans les lycées de Tombouctou et de Badala, il obtient en 1994, la bourse d’étude d’excellence de la francophonie. Et part étudier la microbiologie à l’Université Laval au Canada, où il obtient le Master avec mention excellente et un tableau d’honneur du Ministère de l’Éducation du Québec.  Cela lui a permis d’obtenir une seconde bourse de la francophonie pour le doctorat dans la même université en 1999. « J’ai été le premier à avoir deux fois de suite la bourse d’excellence au Mali », se réjouit Amadou H. Babana.

Dix ans plus-tard, il crée le Laboratoire de Microbiologie et de Biotechnologie Microbienne (LaboREM-Biotech), qui devient quelques années plus tard, un « centre » de riposte contre les agents pathogènes et les insectes nuisibles des plantes au Mali. Ce laboratoire travaille en collaboration avec plusieurs grandes institutions de recherche agricole au Mali, en Afrique et en Amérique.

Aujourd’hui, Amadou H. Babana est professeur titulaire en microbiologie et biotechnologie depuis 2006. Il totalise plus de 27 années dans la recherche en microbiologie.

« Ça me fait plaisir mais ça me dérange »| Pr Amadou H. Babana

On reconnait l’arbre à ses fruits

L’arbre s’appelle Amadou H. Babana, Professeur d’Honneur de l’Université d’Oregon aux USA, Expert international pour l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture dans la mise en place d’un système de surveillance, riposte et contrôle intégré de la chenille légionnaire d’automne à Madagascar, membre de la Commission Nationale d’Établissement des Listes d’Aptitude (CNELA) et du CAMES… La liste de ses titres est longue. Mais l’intéressé n’est toujours pas réjoui. «Ça me fait plaisir mais ça me dérange !», se confie-t-il. Quant à l’intérieur de son pays, ses technologies ne sont pas exploitées alors qu’à l’extérieur, les gens se réjouissent de l’apport considérable de ses résultats de recherches dans le développement agricole. « À quoi ça sert si ton propre pays ne bénéficie pas de ce que tu fais », ajoute-t-il.

Si le Burkina Faso, le Niger utilisent très bien le Biophosphate de Tilemsi mis au point par le Pr Amadou Babana, ce n’est pas le cas au Mali. Car, selon lui, les paysans ne savent même pas que cela existe. Ce Biophosphate peut être utilisé par les agriculteurs maliens pour la production de maïs, et peut avoir un rendement grain kg/ha comparable à celui obtenu avec les engrais phosphatés du genre di-ammonium phosphate ou phosphate super triple. Des engrais chimiques importé à des coûts élevés.

Au nombre de multiples exploits du Pr Amadou H. Babana, existe le projet «Plus de riz pour l’Afrique» qu’il a exécuté avec brio. Grâce à l’utilisation de biopesticides à base de bactéries endophytes, le chercheur en collaboration avec ses étudiants et collaborateurs du LaboREM-Biotech, a amélioré la productivité du riz, la prospérité économique et la sécurité alimentaire des petits ménages agricoles en Afrique. Aujourd’hui, Hamadoun Babana totalise plus de 40 publications dans les revues scientifiques nationales et internationales.

Un gène transmis…

«Mieux vaut transmettre un art à son fils que de lui léguer mille pièces d’or », a écrit Jean-Pierre Chevènement, homme politique français. Benjamin d’une famille de trois enfants, le professeur Amadou Hamadoun Babana fait sienne cette assertion. Marié et père de quatre enfants dont un garçon, le chercheur a transmis le gène de la biologie à ce dernier. Car, comme lui, Kangaye Amadou Diallo (son fils) est aussi biologiste. On compte aussi environ une centaine d’étudiants et collaborateurs formés par Pr Amadou Babana dans son laboratoire. Au nombre desquels, Pr Kadia Maïga Diallo, actuelle Secrétaire Générale de la Commission nationale de l’UNESCO et l’ISESCO. Pr Amadou Hamadoun Babana a formé d’excellents chercheurs pouvant valablement occuper sa place.


Attention: La reprise de cet article, même partielle, sans l’autorisation écrite du JSTM est passible de poursuite judiciaire.


MARDOCHEE BOLI | JSTM.ORG

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