Mali: Pourquoi l’Etat doit éradiquer la jacinthe d’eau?

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Identifiée au Mali en 1990, la jacinthe d’eau a, de nos jours, des effets nuisibles sur les activités de pêche, de transport, d’irrigation ou de production d’énergie du fleuve Niger. Dès 2004, les premières études ont alertées sur la «principale plante nuisible» du fleuve Niger au Mali.

La jacinthe d’eau, (bagani, en bambara), est une plante aquatique polluante. Sa prolifération commence aux points de rejet des matières polluantes provenant des structures industrielles, l’hôtelières et domestiques. Selon une étude de l’Agence pour le Bassin du Fleuve Niger (ABFN), le cycle végétatif de la jacinthe d’eau débute au moment des hautes eaux au Mali, de juin à décembre. Janvier à mars correspond à la période de floraison de la jacinthe d’eau, et la fructification de la plante a lieu d’avril à mai.

L’étude de l’ABFN a évalué l’impact économique de la jacinthe d’eau sur les populations. La plante a été classée comme source de réduction du revenu à la population riveraine et accentuant la pauvreté. L’impact économique se fait ressentir entre autres par : la diminution de la production d’énergie, la gêne de l’usage récréatif du fleuve, la réduction des produits de pêche à cause de la suffocation des poissons par manque d’oxygène, les difficultés pour le transport fluvial, et de l’exploitation du sable.

Dans son étude en 2004, l’ABFN a relevé que le barrage hydraulique de Sotuba est menacé en amont par la jacinthe d’eau. La perte triennale d’électricité avait été estimée à 2,2 millions de KW. Une situation qui obligeait EDM SA à faire tourner des groupes thermiques dont le coût marginal est de 45 FCFA par KW. L’incidence financière sur trois ans de cette opération s’élevait à 98 millions FCFA. La société avait donc engagé 17,6 millions FCFA pour la mise en place du dispositif d’arrêt et d’enlèvement manuel de la jacinthe par les GIE et les manœuvres journaliers.

Sur le plan sanitaire, la jacinthe d’eau constitue un biotope pour un ensemble d’organismes aquatiques responsable de nombreuses maladies vectorielles: paludisme, schistosomiase, leishmaniose, dracunulose, filariose, maladie diarrhéiques…. Quand on sait que les maladies liées à l’eau ou d’origine hydrofécale sont les principales causes de mortalité et de  morbité infanto-juvénille, la jacinthe d’eau devient un enjeu sanitaire majeur.

Co-auteur d’une étude publiée en 2007, le microbiologiste Karim Dagno met l’accent sur l’éradication par la lutte biologique de la jacinthe d’eau. Le chercheur malien affirme que la plante envahit entre 71% et 100% la surface des cours d’eau de juin à octobre dans la région de Koulikoro, le District de Bamako, les mares de Sébougou, la zone de retenue du barrage de Markala, la marre de Molodo et les réseaux d’irrigations de l’office du Niger. Cette infestation, assure le chercheur, coûte annuellement au Mali entre 83 000 et 100 000 $ pour le nettoyage des cours du fleuve.


Attention: La reprise de cet article, même partielle, sans l’autorisation écrite du JSTM est passible de poursuite judiciaire.


Cheick Hamala Touré | JSTM.ORG

1 commentaire
  1. Karim DAGNO dit

    bel article d’information

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