Mendicité au Mali (acte 1) : Les actions de Cheickou Amadou qui ont causé l’explosion

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 Fils de Hammadi Boubou et de Fatimata, Cheikou Amadou était annoncé comme le 12ème calife orthodoxe de l’islam. Pour son refus d’expulser tous les talibés de la capitale du nouvel empire, Hamdallaye, nous assistons aujourd’hui à une croissance vertigineuse des mendiants dans toutes les rues ensoleillées de Bamako. Était-ce une mauvaise action de sa part ? Ou une action de bienfaisance ? L’étude réalisée par Alhassane GAOUKOYE, de l’Université des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako (USLHB) nous donne plus de détails.

Pour bien cerner la mendicité à ses origines, il est utile de rappeler la grandeur et la modestie de son initiateur. Cheikou Amadou était annoncé comme le 12ème calife orthodoxe de l’islam suivant des révélations mystiques faites aux émissaires de l’Askia Mohamed par Chamharouch Djinni. Il était décrit comme un commandeur jouissant de grandes qualités spirituelles.

Des chercheurs comme Ba A.  et Daget J. soutiennent que  « Cheikou Hamadou devra son influence au courage de ses partisans et à la droiture civique de ses conseillers ».

A seulement 22 ans, Amadou était devenu un marabout notoire. Parti à Djenné, carrefour des grands hommes de sciences, Cheikou campa à Roundé Sirou, non loin de Djenné, avec son troupeau et ses talibés. C’est là, qu’il a fait la connaissance du célèbre marabout et mystique de Kanafa, Kabara Farma, et de ses deux compagnons, véritables ascétiques, détachés des plaisirs du bas monde : Ousmane Bokari et Alfa Hamidou Sissé.

Grand connaisseur de l’âme humaine, Kabara Farma, ne tarda pas à pénétrer les profondeurs de l’esprit d’Amadou qu’il orienta vers la lecture du grand mystique Cheik Abd el Qader el Djilani.

Difficile épreuve et ascension d’Amadou…

Homme pieux, Amadou a commencé à inquiéter les marabouts de Djenné qui lui reprochent son non-respect des traditions et coutumes qui régissent la mosquée où il priait.

Dans cette épreuve difficile, Amadou va alors bénéficier du soutien de la communauté marka regroupée, autour du charismatique Ismaila Diakité, imam de Gomitogo, préférant son ascétisme à la bigoterie des métis arabes et songhay. Par ailleurs, la convoitise et la haine dues à la renommée montante d’Amadou, et surtout le songe d’Ousmane Bokari dans lequel un hâtif lui informa de la naissance d’un royaume théocratique qui écrasera les fétiches de Ségou, annonçaient l’aurore de Cheickou Amadou de Macina.

La mendicité…une nuisance approuvée

« Eh bien, ce soir vous serez débarrassés de ces inopportuns. »|Ckeikou Amadou

Devenu roi du nouvel empire d’Hamdallaye, Cheikou Amadou est confronté à une décision  prise par son Grand conseil. En effet, dans la capitale du nouvel empire, Hamdallaye, subsistent encore des mœurs ancestrales dont les membres du Grand conseil ne tardent pas à dénoncer la nuisance pour la quiétude des populations : c’est le cas de la mendicité des talibés. Ces plaintes parvinrent à Cheikou Amadou qui demande l’avis du Grand conseil sur la question très sensible des talibés qui quémandent à Hamdallaye. La réponse des membres de cette assemblée a été sans appel pour les mendiants qui devraient être expulsés de la ville « pour violation de domicile »

Cheikou Amadou fait convoquer à la grande mosquée tous les santad’i de Hamdallaye. Il leur dit : les notables et les hommes mariés de Hamdallaye sont excédés de votre mauvaise conduite. La ville leur appartient et ils décident de vous expulser. Je ne puis que m’associer à eux.

« Quittons Hamdallaye, mes frères » |Ckeikou Amadou

Après la prière de zohr, vous viendrez ici avec vos objets personnels. Puis se tournant vers les notables qui assistaient à la scène : « Etes-vous satisfaits ? » « Nous le sommes ». « Eh bien, ce soir vous serez débarrassés de ces inopportuns.».

Quand tous les santad’i furent rassemblés, Amadou est sorti de chez lui et prit la tête du groupe pour aller vers des terres meilleures, en scandant à vive voix « Quittons Hamdallaye, mes frères ». Ce qui scandalisa les notables qui se jetèrent devant Amadou pour implorer le pardon pour leur inélégance.

Alors Amadou a passé un compromis avec le grand conseil : « Puisque vous ne voulez pas que vos domiciles soient violés par les santad’i, il faut que chaque chef de famille prévoit un plat pour eux à chacun des trois repas quotidiens. Ces repas seront regroupés à proximité de la mosquée, en un lieu où les santad’i se réuniront pour manger ».

Par ailleurs, une mise en garde coercitive a été adressée à tout santâru récidiviste pris à l’intérieur d’une concession, « passible de coups de corde ».

L’aide se transforme en moyen d’enrichissement illicite

Après la mort de Cheikou Amadou, puis l’éclatement de l’empire peulh de Macina, l’intrusion de marabouts tentés par les richesses mondaines, provoquent la détresse morale des docteurs de la religion. Faire dépérir l’instruction et éclore des vices qui accélèrent à la fois la corruption des mœurs, la thésaurisation de l’argent.

Telles sont les allures prises par la mendicité, simple bonne pratique défendue dans la Dina et conforme à la fois aux traditions africaines et aux qualités d’hospitalité, de justice et d’altruisme.

Avec la dépravation des mœurs, certains marabouts utilisaient leurs talibés pour avoir de l’argent et d’autres biens précieux. Ils s’éloignaient de leur mission, celle d’apprendre le

Coran et d’éduquer les enfants.

Aujourd’hui Beaucoup d’enfant, sous le couvert d’élèves coraniques pratiquent la mendicité. En enquêtant, on se rend compte qu’ils n’ont pas de marabout et évoluent pour leur propre compte.

Affaire à suivre….

@Mardochée BOLI

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