Noma au Mali : Des pertes en vies humaines inutiles selon Dr Moussa Daou

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Plus de huit fois sur dix, le noma entraine la mort au bout de quelques semaines. Dr Moussa Daou, Spécialiste du noma au Mali a expliqué à JSTM que cette « mystérieuse » maladie peut être traitée avec seulement de l’amoxicilline et de la métronidazole.

Le nez qui disparait ! Tout comme les lèvres de la bouche et les gencives pour laisser place à d’atroces ouvertures, impossibles à combler nettement. Autrefois appelé « le visage de la pauvreté », le noma était répandu partout dans le monde, y compris en Europe et en Amérique du Nord. Aujourd’hui, les cas de noma se déclarent exclusivement en Afrique de l’ouest et en Inde. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, environs 140 000 personnes souffrent de cette pathologie chaque année dans le monde. Au Mali, l’Institut national de la statistique chiffrait à 162 cas, le nombre de personnes atteintes du noma en 2015. « De 2015 à maintenant, le nombre de cas est passé à 397 dont 175 cas de noma frais, c’est-à-dire le noma de phase aigüe », explique à JSTM Dr Moussa Daou, chirurgien pédiatre à l’Hôpital Grabriel Touré de Bamako, par ailleurs fondateur du centre Hirzel. Un centre de santé créé pour traiter les malades du noma, situé à Yirimadio (Bamako).

Le noma, aussi appelé cancrum oris, touche principalement les jeunes enfants. C’est une infection qui commence par une gingivite, une lésion gangréneuse non-contagieuse au niveau de la bouche, qui s’étend et détruit rapidement les tissus environnants comme la muqueuse de la bouche, les muscles et même les os de la joue, de la mâchoire, voire du nez. Les tissus gangrénés meurent et tombent, entrainant de graves mutilations du visage. Sans traitement, cette terrible maladie est à 80% mortelle.

« Il faut se rendre compte : il y a des cas où on voit des vers se développer dans la plaie !» témoigne Akalifa Touré, directeur de l’association New Face, interviewé par Christelle Pire du journal français Libération. « Sur les 397 patients, 8 décès ont été malheureusement enregistrés. Dû au fait que ces enfants nous ont été envoyés dans un état très critique », déplore Dr Daou.

Le noma atteint plus généralement les enfants malnutris et les enfants les plus vulnérables qui subissent les coups et blessures de leurs parents, selon l’étude « Noma: Overview of a Neglected Disease and Human Rights Violation », publiée dans The American Journal of Tropical Medicine and Hygiene.

CAS AVANT-APRÈS/ crédit photo : enfantsdunoma info

Mystérieuse maladie…

Tandis que certains tradipraticiens pensent qu’il s’agit d’une malédiction, un mauvais sort jeté à l’enfant. La physiopathogénie reste encore un mystère pour les scientifiques. Jusque à ce jour, les recherches scientifiques effectuées sur le noma montrent que le facteur causal de la maladie est principalement la malnutrition. Cependant aucune recherche n’a encore démontré de façon plus exacte les causes virologiques ou bactériologiques du noma. «Pourtant la maladie est sensible aux antibiotiques », explique Dr Daou qui a effectué plusieurs recherches sur la maladie au Mali et à Genève.

Si aucun virus ou bactérie n’a été détecté, «c’est parce qu’on fait le prélèvement ici en Afrique, on le congèle puis on l’envoie dans les laboratoires en Europe », poursuit le spécialiste.

«Le prélèvement d’échantillons se fait-il de façon correcte? Le temps de conservation de l’échantillon ne perturbe-t-il pas la vie des bactéries ou virus avant son arrivée au laboratoire? » Ce sont entre autres les questions que tentent de répondre le spécialiste et son équipe à Bamako afin de trouver les facteurs virologiques ou bactériologiques du noma. Cependant par faute de moyens financiers, Dr Daou et son équipe n’ont pas encore réussit une franche collaboration avec les laboratoires susceptibles d’analyser les échantillons prélevés au Mali.

L’amoxicilline et la métronidazole pour traiter le noma

En 2015, Dr Moussa Daou a mis en place un centre d’accueil et de soin à Bamako, ainsi qu’une stratégie de référence des patients venant de l’intérieur du pays à travers les tradipraticiens. Quatre régions ont bénéficié des formations de ce Malien, spécialiste du noma venu de Genève….Lire la suite gratuitement dans le magazine digital.

Mardochée BOLI | JSTM.ORG

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