Pollution de l’air à Bamako: Un seuil (très) critique

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Deux situations aggravent le phénomène: la ville est entourée de montagnes. Aussi, selon une étude de la banque mondiale, Bamako concentre 75% du parc véhiculaire du Mali.

Le volume des hydrocarbures importés dans notre pays bat le record chaque année. Selon les chiffres de l’Office National des Produits pétroliers du Mali (ONAP), les importations de gasoil sont passées de 239 820 tonnes métriques en 2004 à 460 791 tonnes métriques en 2008. La même année, le gasoil représentait 70% des chargements de produits pétroliers à destination de notre pays. Pourtant, le Mali est l’un des deux pays africains où la législation est la plus tolérante sur l’importation du diesel toxique. Ainsi, l’importation du gasoil avec une teneur en soufre de 10 000 ppm (partie par million) est légale au Mali. Alors que le seuil autorisé à en Europe est de 10 ppm.

Dans son rapport de septembre 2015 intitulé «Dirty Diesel», l’ONG suisse Public Eye prévient les gouvernements africains sur la dangerosité du soufre. «La corrosivité du soufre détruit les technologies de contrôle des émissions et accroît le nombre de particules fines qui se logent profondément dans les poumons, provoquant cancers et maladies cardiovasculaires». Suite à ce rapport la plupart des pays indexés ont décidé de revoir leur législation, d’ici fin 2017, déjà plus sévère que celle du Mali. Le Bénin, le Ghana, la Côte d’Ivoire envisagent de réduire le taux de souffre dans le gasoil importé dans leur pays à 50 ppm. Au Mali, rien n’est fait. Rien n’est dit.

Pendant que l’Etat malien traine des pieds, les populations sont exposées aux gaz néfastes issus de la combustion des hydrocarbures hautement toxiques. Pourtant, un trio de chercheurs de l’Université des Sciences, des Techniques et des Technologies de Bamako, composé de Dr Bakary Coulibaly, Dr Cheick O Sanogo et Dr Lamissa Diabaté, a révélé que le rejet de dioxyde de carbone à Bamako est passé de 9,60 tonnes en 2006 à 30, 8 tonnes en 2013.

Leur étude, publiée, en Octobre 2014, dans la Revue Malienne de Sciences et Techniques dort dans les tiroirs. Tout comme celle de la Banque mondiale. Car, dans son étude «Analyse environnementale du milieu urbain: Profil environnemental des villes de Bamako, Gao, Mopti et Sikasso» publiée en 2011, l’institution remarque «une augmentation des infections respiratoires aigües».  Avant d’ajouter avec regret «l’absence d’un suivi rigoureux du rapport entre les maladies respiratoires et le niveau de pollution dans les villes maliennes».

En jetant un coup d’œil sur les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé sur la qualité de l’air, on comprend le degré d’exposition  des populations maliennes.

 

Mamadou TOGOLA

 

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