Portrait: Pr Akory Ag Iknane, pionnier des structures de santé communautaire au Mali

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Le professeur Akory Ag Iknane est le premier médecin Directeur de l’Association de Santé Communautaire de Bankoni (ASACOBA). Cette structure de santé communautaire, premier centre du genre au Mali, est née en juillet 1988. Nutritionniste reconnu, le professeur Akory Ag Iknane n’a cessé de marquer le système national de santé de son emprunt. Une reconnaissance qui lui vaut d’être nommé, le 10 juillet dernier, Directeur Général de l’institut national de Santé Publique. JSTM vous retrace le parcours de ce chercheur qui a 30 ans de carrière.

«En 1989, le revenu moyen par habitant à Bankoni s’élevait à, seulement, 2000 FCFA  par personne et par an», indique le Prof Akory Ag Iknane. Compte tenu de la précarité, ce quartier était surnommé «Zimbabwé». Malgré cette difficulté, ajoute Prof Iknane, les habitants de ce quartier ont cotisé plus de 500 000 FCFA. Cette somme, associée à l’appui de la Coopération française à hauteur de 1,3 millions FCFA et à un stock de médicaments de l’Association Française des Volontaires du Progrès (AFVP) de Mopti, a permis la création de l’ASACOBA. A l’origine, explique le chercheur, l’ASACOBA signifiait Aw Sago Bala (C’est pour vous).

L’ASACOBA, raconte son premier médecin directeur, c’était un personnel de quatre agents. Car, il s’agissait d’une association à but non lucratif. «Au bout de deux à trois mois, le recouvrement fait, grâce aux consultations, payait le salaire de la petite équipe», exprime, avec satisfaction, l’ancien directeur. Le centre, raconte-t-il, était d’abord composé d’un dispensaire et d’une pharmacie. Progressivement, un centre de l’enfance (pour la vaccination), une maternité et un laboratoire, ont été construits. Aujourd’hui, indique, avec fierté, le Pr Akory, il y a 1 363 centres de santé communautaire au Mali. Car, explique-t-il, toutes les autres communes se sont inspirées de cette expérience. «73% des consultations prénatales, au moins, se font dans un centre de santé communautaire», indique le Pionnier.

La pratique de la médecine… un sacerdoce

Détenteur d’un Doctorat d’Etat en Médecine Générale, le Prof Akory n’a pas hésité à mettre ses compétences au service de l’ASACOBA. «Faute d’électricité, je faisais les accouchements avec une torche frontale», se souvient-il, non sans émotion. «Depuis 1990, on recevait des stagiaires de France, de Canada», explique le Prof Akory. Ces stagiaires faisaient des rapports surprenants. Ainsi, le maire d’Angers a visité la structure et a financé la construction d’un nouveau centre pour un montant de 100 millions. 10% des fonds provenaient de l’ASACOBA et le reste de la Mairie d’Angers.

Co-directeur de thèse d’un certain Oumar Mariko, aujourd’hui député à l’Assemblée nationale du Mali, ce dernier a rendu, au Prof Iknane, un hommage à hauteur de son sacrifice. «Aîné en médecine, vous nous avez montré l’exemple. Un exemple de courage, d’attention prononcée pour les malades. Votre souci pour le travail bien fait et votre rigueur dans le domaine de la médecine ont sans doute permis de démontrer que la médecine communautaire, à travers ASACOBA, peut être une réussite. En effet, si l’ASACOBA a pu exister, grâce aux bonnes volontés et à la communauté de Bankoni, que serait-elle devenue si vous n’aviez pas accepté de « descendre au charbon »?… Vous êtes désormais le « prototype » de ce nouveau modèle. Soyez assuré de ma profonde gratitude et de mon indéfectible amitié», écrit Oumar Mariko, dans la page des remerciements de sa thèse en médecine.

Sur le fonctionnement des Associations de Santé communautaire (ASACO), le Pr Iknane explique, «le personnel de l’ASACO est payé par l’ASACO». Si ça marche très bien, ajoute-t-il, c’est parce qu’aucun fonctionnaire n’y travaille et le coût des soins est accessible à tous. L’Etat a cependant un rôle à jouer dans la gouvernance et le contrôle des structures de santé communautaire au Mali. Car, c’est à l’Etat de s’occuper des questions de régulation. «Autant l’ASACO doit avoir une gestion saine, transparente pour assurer un renouvellement démocratique des assistances, autant l’Etat doit assurer le contrôle de la  gestion», assure le spécialiste.

Médecin… avant l’heure !

Marié et père de 4 enfants, le prof Akory est né le 11 novembre 1959 à Tessalit. Issu de la première  promotion du lycée de Gao, le jeune Akory, classé parmi les cinq premiers, avait… lire la suite dans le digital magazine

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