Prof Mamadou WELE : «La bio-informatique, en plus d’être plus rapide et moins coûteuse, s’applique à toutes les sciences biologiques»

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Prof Mamadou WELE est le directeur du Centre Africain d’Excellence en Bio-informatique, un centre sous régional rattaché à l’Université des Sciences, des Techniques et des Technologies de Bamako (USTTB). Du 11 au 12 mars dernier, le Centre a organisé son 1er Symposium sur le thème: «Développer l’expertise en bio-informatique pour la recherche biomédicale durable en Afrique». Quelle est cette nouvelle science dans laquelle notre pays fait figure de pionnier en Afrique. Interview avec le Professeur Mamadou WELE…

Qu’est-ce que la Bio-informatique ?

C’est une nouvelle science qui implique les sciences comme la biologie, l’informatique, les mathématiques et les statistiques. Autrement dit, la bio-informatique est l’application des outils informatiques et des modèles mathématiques pour résoudre les questions de biologie. C’est donc l’application de la biologie à l’informatique d’où le mot « bio-informatique».

Quelle peut-être l’importance de cette science dans le développement d’un pays comme le Mali ?

Dans un pays tropical comme le Mali où sévissent les maladies endémiques notamment le VIH/SIDA, la bilharziose pour lesquelles, il n’existe pas encore de médicaments, il est important d’utiliser cette science pour comprendre la biologie des parasites, le développement des maladies et de chercher des médicaments pour attaquer ces maladies. La recherche biologique sur ordinateur (bio-informatique) en plus d’être plus rapide et moins coûteuse s’applique aussi à toutes les sciences biologiques. C’est-à-dire qu’elle sert non seulement la santé humaine, mais aussi, les agronomes dans le cadre de l’amélioration génétique des plantes.

Le Centre Africain d’Excellence en Bio-informatique vient d’organiser son premier Symposium. Quel bilan faites-vous de cet évènement scientifique ?

Le bilan du 1er symposium est satisfaisant. Pendant deux jours, nous avons reçu des participants venus du National Institutes of Health (NIH) des Etats Unis; de l’Université de Tulane des Etats Unis USA; de l’Institut Pasteur de Tunis et de la France. C’était un espace pour les étudiants de présenter leurs travaux. L’un des avantages de ce symposium, en plus du workshop qui s’en est suivi, était ce brassage entre biologistes, pharmaciens, mathématiciens, physiciens et informaticiens pour tenter de résoudre les problèmes de biologie.

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La bio-informatique est-elle l’avenir de la recherche scientifique dans le monde ?

Il y a une dizaine d’année, on pensait que l’horizon était les sciences comme la génomique ou la protéomique, après on est entré dans d’autres sciences notamment la métabolomique. C’est vraiment une science d’avenir qui ouvre l’horizon à d’autres sciences. Si on prend le cas de la médecine aujourd’hui on voit qu’on évolue de la médecine générale vers la médecine spécialisée. C’est une médecine qui en fonction des gènes de chaque malade saura quel médicament lui prescrire. Nous pensons surtout que la bio-informatique peut combler le gap en matière de recherche scientifique entre le sud et le nord.

«Science sans conscience n’est que ruine de l’âme» dit-on. La bio-informatique n’est-elle pas la fin de l’ère de la morale en science ?

Le risque zéro n’existe pas. C’est un peu comme en informatique, les antivirus existent parce que des gens créent les virus. Il y aura toujours des gens mal intentionnés qui essayeront de créer des problèmes. C’est  une question de conscience et de respect des conventions de recherche. De façon générale toute science a pour objectif d’améliorer les conditions de vie des populations et non de créer des problèmes à l’humanité.

Propos recueillis par Mamadou TOGOLA

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