Sécurité alimentaire et nutritionnelle : Face à la COVID-19, des producteurs ouest- africains appellent à un soutien accru

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Pour maintenir la sécurité alimentaire et nutritionnelle, dans cette pandémie de COVID-19, des acteurs du monde agricole en Afrique de l’Ouest, sollicitent un soutien logistique et financier. 

C’est bientôt l’hivernage ! L’inquiétude est grandissante au sein des organisations de productions agricoles, des petites entreprises et des parties prenantes du tissu agraire en Afrique de l’Ouest.

El Hadj Abdul Razak, PDG de Heritage Seeds Company, une organisation semencière implantée à Tamale, dans le Nord du Ghana, explique que la COVID-19 a sérieusement affecté les coopératives agricoles, car elles ne sont pas en mesure de disposer de leur stock de semences produites pour certains, avec des capitaux empruntés. « En raison des mesures de distanciation sociale, nous ne pouvons ni aller au marché pour vendre nos semences et il est difficile d’accéder à nos agriculteurs, ni même engager une main-d’œuvre suffisante pour désherber ou appliquer des engrais », ajoute-t-il. Dans la même foulée, Abdul Razak souligne que si cela continue, les superficies de production agricole seront réduites.

« Un soutien est nécessaire pendant six mois après le déconfinement au Nigéria » Hajia Salamatu Garba du réseau des productrices agricoles du Nigéria (WOFAN)

Soutien logistique et financier – un levier incontournable

L’accès aux intrants y compris les semences, les pulvérisateurs, les pesticides, généralement importés ne sont plus possibles, suite à l’interdiction des vols commerciaux. À l’approche de la saison des pluies, les collectifs d’agriculteurs et les petites entreprises semencières ne peuvent pas résister à la pandémie sans soutien financier, soutiennent les parties prenantes. À cet effet, Hajia Salamatu Garba du réseau des productrices agricoles du Nigéria (WOFAN) affirme qu’ « un soutien est nécessaire pendant six mois après le déconfinement au Nigéria. »

Si les restrictions de transport rendent difficile l’achat d’intrants ; le retard dans la certification des semences provoque une inflation des coûts d’achat des semences de meilleure qualité. « Le soutien financier est donc essentiel pour aider les producteurs à s’adapter à la nouvelle norme », expose Salamatu Garba.

Au Mali, Coulibaly Maïmouna Sidibé de la compagnie semencière Faso est inquiète. Car, justifie-t- elle, « toute baisse de la qualité des semences entrant dans les exploitations peut compromettre les revenus et la sécurité alimentaire »

La pandémie a aussi frappé les systèmes semenciers au Sénégal, selon El Hadj Ibrahima Diouf de Jambar, un groupe d’intérêt économique, les semences produites en 2019 doivent encore être certifiées, emballées et distribuées aux agriculteurs. Mais, « tous les processus ont été arrêtés en raison de la pandémie, alors que la saison des pluies est sur le point de commencer » dit-t-il.
Récemment, le Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricoles (CORAF) a appelé à un effort concerté pour garantir l’accès aux semences certifiées des principales cultures vivrières de base en Afrique de l’Ouest et au Sahel afin d’atténuer l’impact de la pandémie sur l’agriculture.

La malnutrition touchera 50 millions de personnes…

La CEDEAO a estimé qu’en raison de la pandémie de la COVID-19, le nombre de personnes exposées à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition passera de 17 à 50 millions de personnes entre juin et août 2020. Au cours des prochaines saisons, la crise de la Covid-19 combinée à la l’insécurité croissante et, le changement climatique, les sécheresses récurrentes, et les invasions de la chenille légionnaire d’automne pourraient constituer un défi pour la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance.

Une solution de l’ICRISAT pour…

Pour atténuer l’impact du choc de la Covid-19, l’Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides (ICRISAT) vise une augmentation de la production domestique agricole, grâce à des semences de qualité et à soutien continu, dans la production de semences certifiées en partenariat avec les sociétés semencières et coopératives d’agriculteurs. En plus, Dr Ramadjita Tabo, Directeur de l’ICRISAT assure que son institut mettra à la disposition des producteurs agricoles, des outils et des plateformes numériques. Lesquels, faciliteront l’assistance aux programmes de développement et d’aide alimentaire d’urgence pendant et après la crise de la COVID- 19.

De la nécessité de constituer de meilleures approches pour le futur

Face à cette pandémie, l’Association malienne d’éveil au développement durable (AMEDD) a développé des stratégies pour atténuer les répercussions de la COVID-19 sur leurs communautés. Bougouna Sogoba, Directeur de AMEDD, pense que cette pandémie est l’occasion d’explorer de nouvelles idées telles que l’utilisation de solutions numériques dans l’agriculture. « Nous devons utiliser cette crise comme une opportunité pour rafraîchir nos approches et nos technologies », souligne-t-il.

Roger Kabore de l’Association Minim Sông Pânga au  Burkina Faso, reconnait que « la pandémie est une réelle menace mais il y a des opportunités à saisir pour l’avenir en construisant une économie locale solide au profit des producteurs. »

Agathe Diama, Responsable régionale de l’information, ICRISAT – Afrique de l’Ouest et du Centre

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