Tramadol: Un psychotrope à l’origine de 6,8% des cas de toxicomanie au CHU Point G

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Commercialisé sous différents noms, le Tramadol est un antalgique de niveau 2. C’est un opioïde qui agit sur les mêmes types de récepteurs que la codéine et la morphine. Au Mali, la consommation de ce produit a atteint des proportions inquiétantes, surtout avec la prolifération des faux médicaments.

« 120 », « 250 », Tango, Tra, Moltra, Tramol, Tika (arachide). Les consommateurs du Tramadol ne manquent pas d’imagination pour inventer de nouveaux noms de code, en vue de se procurer le produit de plus en plus convoité.

Depuis 2012, l’Office central des Stupéfiants (OCS) informe que l’importation illégale du Tramadol est en hausse au Mali. Ainsi, en 2016, l’OCS indique avoir saisi plus de 400 boites de Tramadol. Une goutte d’eau dans l’océan, car de son côté le Réseau épidémiologique ouest-africain sur la consommation de drogues révèle que 170 tonnes de Tramadol ont été saisies, en 2017, en Afrique de l’Ouest contre seulement 17 tonnes en 2014.

Une consommation détournée et abusive

Au Service de psychiatrie du CHU Point G de Bamako, Dr Souleymane dit Papa COULIBALY rencontre de plus en plus de patients ayant développé une dépendance au Tramadol. Au cours d’une communication, ce samedi 22 février, devant les membres du Réseau des journalistes d’Investigation contre la Drogue et le Crime organisé (RJIDC), le spécialiste révèle que dans son service, «le tramadol représente 6,8 % des substances faisant l’objet d’abus».

Aux dires du psychiatre, tous les profils sont concernés par la «consommation détournée et abusive» du tramadol. Les raisons de la consommation sont différentes d’une personne à une autre. Ainsi, il est utilisé entre autres pour: Améliorer la performance physique au travail; prévenir, traiter la fatigue liée au travail; traiter certaines douleurs physiques; rechercher la sensation de bien-être et le plaisir. Il est aussi consommé pour la délinquance et la dépendance.

En ce qui concerne le mode et la fréquence de consommation du Tramadol, ils dépendent, selon Dr Coulibaly, de la tolérance du corps du sujet. Alors que certains se limitent à un comprimé d’autres avalent une plaquette entière par prise. Le produit est soit avalé avec de l’eau, soit associé au café, aux boissons sucrées ou à l’alcool. Aussi, selon le but recherché, il est consommé en groupe de pairs ou seul.

Par les failles de la législation

Le Tramadol, comme indiqué plus haut, est un antalgique. A cet effet, il est légalement prescrit par les médecins, et est en vente dans les pharmacies. Cependant, le trafic de faux médicaments et son corolaire du phénomène des “pharmacies par terre“ ont encouragé l’usage détourné et abusif du Tramadol.

Contre le Tramadol de 50 mg vendu en officine, on retrouve dans les ‘’pharmacies par terre’’ du Tramadol dosé à 250 mg illégalement importé.

Problème? Le Tramadol n’est pas considéré comme une drogue par la Loi n° 01-078 du 18 juillet 2001 portant sur le contrôle des drogues et des précurseurs. Ceux qui s’adonnent à l’importation illégale du produit échappe donc à toute poursuite judicaire. Juriste à l’OCS, Amadou Keita, estime que le problème pourrait être résolu grâce à la ratification par le Mali de la Convention MEDICRIME, un instrument juridique international qui criminalise la contrefaçon, la fabrication et la distribution de produits médicaux mis sur le marché sans autorisation ou en violation des normes de sécurité.

Mamadou TOGOLA | JSTM.ORG

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