Triclosan : Un appel mondial pour demander son interdiction

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Antibactérien notoire aux effets délétères archi documentés, le triclosan continue d’être autorisé dans le monde entier, y compris en Europe. Plus de 200 scientifiques signent un appel pour demander l’interdiction de ce perturbateur endocrinien.

Depuis Florence, 206 scientifiques de 29 pays viennent de lancer un appel pour bannir le triclosan et son cousin antibactérien le triclocarban. Les chercheurs et médecins signataires s’étaient réunis l’automne 2016 à l’occasion d’un symposium sur les polluants organiques persistants organisé par l’Efsa. Ils estiment, en se fondant sur une revue de littérature extensive, que ces deux substances «sont des perturbateurs endocriniens persistants et bio-accumulatifs, toxiques pour les milieux aquatiques et les organismes qui y vivent». Une alerte solennelle, relayée par 9 organisations européennes, qui souhaitent voir l’Union européenne interdire le triclosan, notamment dans les produits cosmétiques.

85% pour les cosmétiques

Car, à la différence des Etats-Unis où les deux substances ont été partiellement interdites en septembre 2016, l’Europe autorise toujours leur présence dans les dentifrices, les savons, les gels douches, les déodorants (teneur maximale de 0,3%) et dans les solutions pour bains de bouche (teneur maximale de 0,2%). Il est en revanche interdit dans les produits de rasage depuis octobre 2014. En 2006, quelque 450 tonnes de triclosan avaient été employées au sein de l’Union, dont 85% entraient dans la composition de produits de soins. Or, «pour le consommateur, le triclosan dans les produits cosmétiques ne présente aucun bénéfice immédiat, constate Hanns Moshammer, des Médecins pour un environnement sain (MES), une organisation autrichienne signataire de l’appel de Florence. Car «à cette concentration, il n’a pas d’action désinfectante sur la peau». Pire, «il peut nuire à la flore cutanée», complète son collègue Hans-Peter Hutter, professeur associé et docteur en médecine, de Médecine et Protection de l’environnement (MPE), une autre organisation autrichienne.

Substance ubiquitaire

Détecté dans le lait maternel, il est également présent dans le sang ombilical. «Parce qu’il se dégrade très mal dans l’environnement, [il est] actuellement décelable dans presque tous les compartiments environnementaux de par le monde», complète Dominique Belpomme, président de l’Association pour la recherche thérapeutique anti-cancéreuse (Artac) en France, également signataire. Allergisant, favorisant le portage nasal des staphylocoques dorés, il est suspecté par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) de former, au contact du chlore présent dans l’eau du robinet, du chloroforme, un cancérogène potentiel. Enfin, son action hormonale sur la thyroïde inquiète les scientifiques, notamment pour ses effets perturbateurs sur la croissance des petits garçons. Forts de ces constats, les signataires appellent la communauté internationale à «limiter la production et l’utilisation du triclosan exclusivement aux applications médicales et à remettre en question, d’une manière générale, le bénéfice des produits de désinfection».

Journal de l’environnement

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